11/27/2007

Con-soumission

DJ Bobo est, selon moi, le sommet de la daube commerciale. Pour une fois que je lui trouve un contre-emploi, je ne vais pas m'en priver...

CHIE - HUA - HUA !

Ouarf, miaou, etc...

Le 36.000e reportage consacré au sujet. A chaque fois, je grimpe les tours.

Madame Trucmuche possède un chihuahua, dont j’ai oublié, qu’elle me pardonne, le prénom. Disons Bidule. Elle en est follement amoureuse, de son jeune mâle. Au point qu’elle lui offre tous les gadgets qu’un chien peut souhaiter. Vêtements, bijoux, friandises… du classique.

Le must du moment, c’est le site de rencontres pour animaux. Ni une ni deux, Mme Trucmuche a inscrit son toutou. Soucieuse d’objectivité et de respecter les désirs de son chéri, elle lui présente les trois candidates potentielles à l’écran. Bidule remue la queue devant une photo – Mme Trucmuche l’a précisé, il comprend tout ce qu’on lui dit, certainement bien plus que les humains. Pour qui donc a-t-il craqué? Pour une charmante chihuahua – je crois me souvenir qu’elle s’appelle Luna – qui cherche un chien de même race pour des promenades en commun, jouer, et éventuellement plus si entente.

Va pour Luna. Contact pris, il s’agit de ne pas rater le premier rendez-vous. Bidule a d’abord droit à un passage chez l’esthéticienne. Attention, rien à voir avec ces établissements ringards qui se contentaient d’administrer une douche et un séchage à la brosse! Désormais, c’est ambiance spa, à faire pâlir d’envie les adeptes à deux pattes de thalassothérapie. Bain hydromassant, enrobage de boue et de cire spéciale, le tout sur fond zen, lumières tamisées et musique à l’appui. Et la patronne du lieu d’expliquer qu’ainsi Bidule a appris à vivre autrement, débarrassé des ondes négatives et X désagréments quotidiens.

Beau comme un sou neuf, Bidule se rend ensuite, accompagné de sa maîtresse, dans la boutique canine la plus huppée de la capitale (i.e. Paris). Les accessoires. En vue de sa soirée galante, il choisit un collier orné de têtes de mort en strass – hyper tendance. Pour l’habillement, après moult hésitations – c’est vrai que la nouvelle collection en cachemire est trop too much – il porte sa préférence sur un survêtement avec capuche, à la fois sport et élégant.

Paré, il est prêt finalement à rencontrer sa belle. Un peu de stress. Mais tout se passe bien. Il faut voir comme il la regarde, Luna! C’est manifestement le coup de foudre. Réciproque. Qu’adviendra-t-il de ce couple en herbe? Mme Trucmuche admet, avec pudeur, que si l’entente partagée se confirme, il n’est pas impossible «que nous envisagions une portée…» Ah, l’heureux Bidule!

En passant, quelques faits. Mme Trucmuche, de son propre aveux, gagne 1300 euros par mois (2100 francs suisses). Le coût de l’escapade avec Luna? 630 euros (un peu plus de 1000 francs suisses). Elle fait ce qu’elle veut de son argent? C’est une vieille dame qui n’a plus que son chien pour lui amener un peu de réconfort? Pas du tout. La quarantaine, elle a une fille à charge, qu’elle élève seule. Une ado qui d’ailleurs se plaint de recevoir moins d’attention et d’affection que Bidule. C’est bien connu: les ados sont tous des ingrats. Et Mme Trucmuche se défend d’aimer plus son chihuahua que sa fille. On ne peut que la croire sur parole.

Rome s’est écroulée de sa décadence. Je n’ai rien d’une puritaniste, et j'aime nos zamies les bêtes. Mais indépendamment de l'aspect strictement financier, que penser d’une société où il vaut mieux avoir une vie de chien qu’une vie d’humain ?

11/23/2007

Artiste et artisan


Artiste et artisan
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Il est si habile, de coeur et de doigté. Si doué dans l'esthétique, créative et émotionnelle. Si beau, à l'intérieur comme à l'extérieur. Dans tous les domaines. L'homme que j'aime.

Saw

Pot-au-feu, ce soir. Patates, carottes, chou blanc, tomate, céleri, céleri en branches, oignon… Flûte, j’ai oublié d’acheter un navet! Pas grave: j’ai le DVD de «Saw» sous la main.

Ce premier opus, on me l’a vanté sur tous les tons. Incontournable, à voir absolument! Je suis une grande fan de films d’horreur et d’histoires de psychopathes en tous genres. Vu qu’apparemment «Saw» réunissait les deux, je me suis laissée tenter. Et comme mon mec n’était pas preneur, je me suis résolue à le regarder seule. Avec un léger doute, toutefois: si par la suite je ne parvenais pas à m’endormir?

Aucun risque, a posteriori. J’ai même dû lutter contre l’effet contraire, peinant à garder les yeux ouverts jusqu’au bout.

Le scénario de base n’est pas mauvais pourtant. Un type atteint d’une tumeur au cerveau, «rongé par son mal», décide d’organiser des jeux, avec pistes et énigmes, où il implique des personnes «incapables de jamais se satisfaire de rien», afin de leur donner une chance d’éprouver pleinement la gratitude d’être vivant.

Au commencement, deux hommes se réveillent enchaînés dans une pièce où gît un autre homme baignant dans une mare de sang, un pistolet à la main. Mission pour un des deux captifs: il doit absolument accepter de tuer son compagnon d’infortune dans les huit heures, sans quoi sa femme et sa fille seront exécutées.

Il y a là de bonnes questions. Est-ce que l’on ne devient conscient d’avoir la chance d’avoir ce que l’on a que lorsqu’on risque de le perdre? Jusqu’où est-on capable d’aller pour sauver soit sa peau, soit l’existence des êtres aimés, voire les deux? A partir de quel moment la civilisation, l’éthique, la morale, s’effacent-elles devant l’instinct le plus primaire, devant l’animalité immémoriale de l’Homme?

D’excellentes questions, qui auraient mérité un meilleur film. Le grand renfort de décors glauquasses, de scènes gores et de rebondissements ne suffisent pas à masquer le vide de la réalisation, à épargner l’ennui que l’on éprouve face à la gratuité de l’ensemble.

Evidemment, n’est pas Bergman qui veut («L’Oeuf du Serpent»). Sans remonter jusqu’au génie, il existe d’autres œuvres – «Cube», pour n’en citer qu’une – qui réussissent là où «Saw» se viande pitoyablement.

Paraît que «Saw IV» est actuellement sur les écrans. Le premier m’aura largement vaccinée.

La belle plante


Anthurium 'Robino'
Originally uploaded by Abrimaal

Ne pas manger, SVP!

Malgré le «redoux», l’hiver est à nos portes. Peut-être est-ce pour cela qu’aujourd’hui j’ai eu envie de m’acheter une nouvelle plante d’appartement. Au supermarché du coin, j’ai jeté mon dévolu sur une Anthurium (cf. photo ci-dessus). Pour ses feuilles d’un vert très sombre et ses fleurs d’un rouge très vif.

Le but n’est pas de me lancer dans des billets d’herboristerie. Ce qui m’a fait halluciner, c’est une phrase du descriptif qui accompagnait la plante, après les indications d’usage sur l’ensoleillement et l’arrosage:

«Destiné à la décoration et non à la consommation.»

Ah ben zut, moi qui rêvais justement d’une bonne soupe d’Anthurium!

Je connaissais déjà, entre autres, le mode d’emploi des fours à micro-ondes précisant qu’ils ne sont pas prévus pour sécher son animal de compagnie. Mais ça, franchement, je n’avais jamais entendu!

Il y a de quoi rire, c’est sûr. D’un autre côté, il me semble que ça va désespérément dans le sens de l’infantilisation générale à laquelle on assiste depuis quelques années.

11/22/2007

What else?

Un peu d’humour dans ce monde de brutes… ☺

Nespresso, avec George Clooney. Oui, oui, je sais, nul doute que le beau mâle (sic) est grassement payé par Nestlé, et que cela altère son image d’acteur engagé… Mais que je me permette de laisser parfois mon esprit critique aux vestiaires – condition sine qua non pour ne pas se transformer en intello parapluie dans le luc… Et pour une fois qu’une entreprise suisse – je sais, je sais, avant tout multinationale… - ne propose pas de la pub daube…

J’ai adoré la première, j’adore la seconde.

Watch, and enjoy!

What else?



Nos chers disparus

Je suppose que c’est dans l’air du temps. N’empêche que ça m’a fait tout bizarre, aujourd’hui, quand j’ai lu la nouvelle.

La Tribune de Genève, 24 Heures et deux journaux hypra-locaux s’associent pour lancer un site internet. Jusque-là, rien que de très banal. Ce qui est inédit, c’est qu’il est dédié exclusivement aux… annonces mortuaires. Je ne crois pas avoir jamais vu ça en Suisse, ou du moins en Romandie. Intitulé Hommages, il regroupe les rubriques nécrologiques desdits journaux. Et propose également des informations pratiques (Cérémonies d’adieu et convois ; Les dernières volontés ; Toutes les démarches ; Organiser les obsèques ; Régler la succession), ainsi qu’une Aide au deuil. A en croire la publicité, dès 2008 il sera possible de mettre en lien des diaporamas photos, des vidéos, agrémentées ou non de paroles et de musique. Ou encore, le must, de faire rédiger une courte biographie de la personne décédée par un journaliste patenté. /NB: ces nouveaux services seront payants/

J’ai de la peine à expliquer pourquoi, la démarche me chiffonne. Non, je ne sais pas pourquoi cela me titille, mais mon petit doigt me souffle que quelque chose ne colle pas. Je suis pourtant la première à dénoncer le tabou qui entoure la mort dans notre société occidentale. Et c’est peut-être là que ça coince. On peut avoir l’impression, avec des sites de ce genre, que finalement on regarde la réalité en face. Or il me semble que c’est tout le contraire. Il me semble que par un surcroît d’informations, on cherche à enterrer (c’est le cas de le dire) le problème.

Je le reconnais, je ne suis pas claire sur ce coup-là. Moi-même j’ai de la peine à me suivre. Disons que plutôt qu’une prise de conscience, j’y déchiffre une fuite, malsainement morbide.

«Pour que leur souvenir demeure», lit-on sur le bandeau de la page d’accueil. Louable. Et très certainement profitable. C’est bien connu: avec l’horoscope, les rubriques nécrologiques sont les plus consultées de la presse écrite. Sachant qu’un média ne lancera jamais un site à fonds perdus, il y a fort à parier que, outre les services payants, la pub fera tôt ou tard son apparition sur Hommages. «Soldes: 10% sur tous nos cercueils», «Me Machin-Truc, spécialiste en droits de succession», «Le restaurant X accueille vos verrées d’adieu, traiteur, service soigné, discrétion, prix imbattables»…

Et alors, me rétorquera-t-on? Il y a longtemps que les entreprises de pompes funèbres vivent du commerce de la mort, et personne ne s’en plaint. Je suis d’accord. En partie. Après le décès de mon père, j’ai pu constater que ceux qui travaillent dans ce domaine font certes tourner un business, mais qu’ils sont aussi doués d’une réelle empathie – par la bande, j’avouerai que jusque-là je n’avais jamais compris que l’on puisse choisir ce métier. La différence avec les journaux à l’origine du projet? L’empathie n’existe pas dans l’univers médiatique. Je ne parle pas des journalistes pris individuellement. Je parle des firmes qui les emploient, essentiellement focalisées sur le profit.

Enfin, quelle différence entre les annonces mortuaires imprimées et celles paraissant sur le net? Un journal ne se résume pas à ses rubriques nécrologiques. Hommages si.

Autant d’aspects qui, cumulés, me laissent plus que perplexe.

D(h)ommages et intérêts…

11/21/2007

Peste brune

Partons du principe qu’un blog est un outil privé, où l’on peut afficher (à peu près) tout ce qu’on veut – «c’est mon avis, je le partage, et il n’engage que moi». Là où ça se corse, c’est lorsque ledit blog est tenu par un colonel de l’armée suisse.

Un soldat suisse, a fortiori un gradé, se doit de respecter un devoir de fonction en rapport avec l’uniforme qu’il arbore. Du moins lorsqu’il s’exprime exclusivement en tant que membre de l’armée, et non en simple civil. Pro ou anti-armée ne change rien à l’affaire. Armée suisse il y a, et qu’on le veuille ou non elle reflète l’image de notre pays.

Que penser dès lors du blog personnel d’un colonel qui se «brunise» de plus en plus au fil du temps? Ce qui (citant les mots d’un ami) était à l’origine un «laboratoire d’idées» est devenu le repaire de radicalistes partisans d’une idéologie à la sinistre mémoire – seule la cible change, ce ne sont plus les juifs qui incarnent l'Etranger coupable de tous les maux, mais à la fois l’Islam et les ressortissants des Balkans. Quelques intervenants tentent encore, ici et là, de contrecarrer, d’argumenter. Peine perdue. On ne dialogue pas avec des fondamentalistes.

Pour replacer les choses dans leur contexte, un exemple de «débat». A l’affirmation qu’on peut reconnaître un «Européen ethnique», un courageux internaute répond:

«A quels critères reconnaissez-vous un Européen «ethnique»? A la manière du régime de Vichy, en allant fureter dans les registres d’état-civil, et en disant: «Ah, vous, Rochebrune, votre vrai nom, ça ne serait pas plutôt Bronstein?» Et vous, Racine, ça ne serait pas plutôt Hocine? Ou, à la manière de l’Afrique du Sud de l’apartheid, avec le crayon dans les cheveux? A partir de combien de croisements, de combien de générations, de combien de «quartiers» cesse-t-on d’être (ou, à l’inverse, devient-on) ethnique?»

Un candidat à la «chemise brune» rétorque aussitôt:

«Les tenants comme vous du juridisme intégral vont avoir fort à faire, ces prochaines années, à contrecarrer les avancées en matière de recherche génétique.»

Qui connaît l’Histoire du XXe siècle ne peut qu’en avoir froid dans le dos.

Ces propos sont effrayants, inutile de le souligner. Mais ce n’est pas non plus le but de mon billet. Ce qui me choque, c’est qu’ils paraissent ouvertement sur le blog d’un colonel de l’armée suisse qui se présente en tant que tel.

Cautionne-t-il ces commentaires? Lorsqu’on le lui demande, il ne répond pas directement. Sa «clique» s’en charge à sa place, généralement dans les termes les plus virulents. Et s’il ne les cautionne pas, pourquoi les permet-il? Serait-ce qu’il a perdu le contrôle de son propre outil? Ayant fréquenté le personnage d’assez près, je ne le crois pas.

Ce qui me choque le plus, c’est l’absence de réaction de ses supérieurs. Ne sont-ils pas au courant? Connaissant un tantinet la «Grande Muette», cela m’étonnerait. Et s’ils sont au courant, pourquoi ne mettent-ils pas un terme à la dérive «brune» du blog d’un de leurs officiers? Je ne suis ni pro ni anti-armée. Je pense, n’étant pas naïve, que dans le monde dans lequel on vit, les armées sont un mal nécessaire – même si je préférerais de loin que l’on puisse faire à moins. Vu que ce n’est pas (encore) le cas, je n’ose imaginer que les cadres choisissent de fermer les yeux, de laisser carte blanche à ce colonel, sous prétexte peut-être qu’il est extrêmement efficient. Un peu comme, dans les entreprises, on garde les «sales cons» parce qu’ils accomplissent à eux seuls le travail de dix employés. A court terme, la stratégie peut s’avérer payante. Sur le long terme, c’est un désastre.

En conclusion, je plagierai une célèbre répartie: «Mais que fait le DDPS?»

11/20/2007

Juste pour le plaisir des yeux


Christian Bale 3
Originally uploaded by Lia Lake

Then you become something else

Batman begins returns

Qui souhaite voir un film a tout intérêt à éviter le petit écran. Entre «Cold case», «NCIS», «Les Experts», «Heroe », «Weeds», j’en passe et sûrement des pires, plus de place pour un long-métrage. Ou alors à pas d’heure. Ok, il y a le cinéma, les DVD, les chaînes câblées… mais moi j’aimais bien cette bonne vieille TV en libre accès qui proposait des films plusieurs fois par semaine.

La plupart du temps, c’est plutôt rien que pléthore. Puis certains soirs, c’est pléthore. Aujourd’hui, entre «Will Hunting», «Lolita» et «Batman begins», j’ai choisi ce dernier. Pardon pour le Maître Kubrick, mais j’avais envie de me refaire les origines de l’homme chauve-souris.

«Batman begins», donc. Je me souvenais l’avoir beaucoup aimé lorsque j’étais allée le voir au ciné. Pourtant j’avais largement snobé les opus précédents, à placer très haut dans l’Olympe des daubes holywoodiennes. A mes yeux, il n’y avait que deux «Batman»: ceux réalisés par Tim Burton. Non contents de baigner dans l’univers fantasmagorique de celui que je considère également tel un Maître, ils étaient les seuls à colorer le personnage principal d’une ambiguïté torturée. Les seuls à posséder une profondeur fort éloignée d’un manichéisme typique, trop souvent l’apanage des grandes machines cinématographiques. Ce qui m’avait poussée à ne pas délaisser un nouvel épisode? Le nom du réalisateur, découvert au détour de je ne sais plus quel canard: Christopher Nolan. Celui-là même qui avait commis le magistral «Memento». Rien que pour ça, «Batman begins» valait le voyage.

Je n’ai pas été déçue. Le scénario, la réalisation, la photographie, les décors, la musique (Hans Zimmer, James Newton Howard, à écouter d'urgence), les acteurs… tout est à la hauteur de ce que j’avais imaginé de mon propre Batman. Coup de chapeau à Christian Bale, qui aurait pu se contenter de miser sur sa belle gueule -

/ je me permets une minute midinette: et dieu sait qu’elle est belle, sa gueule! Rââââh lovely! /

comme à son époque George Clooney – et qui au contraire se fond parfaitement dans la peau d’un futur héros confronté à ses peurs, tenté par la noirceur vengeresse. Qui les surmonte, mais seulement pour mieux se perdre dans l’uniforme qu’il arbore. Au point que l’homme s’oublie derrière le symbole qu’il incarne.

En découle une des répliques les plus subversives que je connaisse. Quand dans le final il se retrouve confronté à son ancien mentor devenu ennemi, dont il avait sauvé la vie. Celui-ci, qui l’avait déjà averti par deux fois de se méfier de la compassion, se moque, le provoque: Batman va-t-il de nouveau céder à sa faiblesse, à ce défaut humain dans sa cuirasse? Or ce n’est pas Bruce Wayne qui rétorque, c’est bel et bien la chauve-souris: «Je ne vais pas te tuer. Mais je ne suis pas non plus obligé de te sauver…» Plus machiavélique, je ne vois pas comment! Il fallait oser! Nolan a osé, et c’est sans doute dans cet échange inédit que son film trouve toute sa justification.

Je n’irai pas jusqu’à prétendre que je me suis réconciliée avec le petit écran. Disons que pour un soir j’ai enterré la hache de guerre…

11/19/2007

Fernand Raynaud

Le fût du canon - un certain temps...

Un certain temps

Quand j’étais gamine, un comique français cartonnait à la TV. Décédé dans un accident de la route en 1973, il est resté dans les classiques. Aujourd’hui encore, il repasse assez régulièrement dans les scènes-culte du petit écran. Son humour était totalement avant-gardiste à l’époque, forcément dépassé maintenant, et je ne suis pas sûre que les générations actuelles savent de qui je veux parler. J’ai nommé: l’incontournable Fernand Raynaud.

J’ai pensé à lui ce soir par la bande, en rapport avec un de ses sketches. Intitulé «Un certain temps». Un gradé demande à la troupe combien de temps il faut au fût d’un canon pour refroidir après la sortie de l’obus. Chacun y va de sa réponse. Selon ses origines, ses croyances, sa personnalité, son vécu. Tous tombent à côté. Jusqu’à ce que le gradé donne la clé: pour que le fût d’un canon refroidisse après la sortie de l’obus, il faut un certain temps. C’est censé, bien évidemment, être militairement absurde, d’où le gag.

Est-ce aussi absurde en ce qu’il m’a interpellée? A savoir: «Combien de temps faut-il pour rencontrer l’homme / la femme de sa vie?» Et la réponse, éminemment personnelle: «Un certain temps.»

Il m’a fallu un certain temps, un temps certain, pour rencontrer l’homme de ma vie.

De multiples questions demeurent ouvertes, je le reconnais. Que signifie «l’homme / la femme de sa vie»? «Pourquoi lui / elle, et pas un / une autre»? De multiples «pourquoi?».

Et bien, outre le temps certain qu’il m’a fallu pour être prête à rencontrer l’homme de ma vie, parallèlement j’ai décidé que j’allais me moquer des «pourquoi?».

Ce qui m’importe, c’est de savoir «comment?». Comment je vais construire avec cet homme qui me convient, qui me comble à tous points de vue. Comment je vais mettre tous mes efforts dans une relation durable, sans idéalisme, dans le respect de chacun.

Ce qui m’importe, c’est d’avancer au jour le jour. Que nous avancions au jour le jour. Et de comprendre, plus intimement à mesure que le temps passe, que cela demande… un certain temps.

11/12/2007

Infini

S’il y a bien une chose qui donne une très bonne idée de ce que peut être l’infini, c’est l’extension permanente de la connerie humaine.

Pour une fois, je vais me contenter de retranscrire un article du Temps. Il est suffisamment parlant en soi.

«Pas de mosquée dans l’église

Eric Jozsef, Rome

Il s’était abrité derrière les paroles du pape Jean-Paul II pour «ne pas fermer la porte au nez des musulmans». Le prêtre de la petite commune de Paderno di Ponzano, Don Aldo Danieli, a malgré tout été sévèrement rappelé à l’ordre par l’évêque de Trévise (nord-est), Mgr Mazzetto.

Le curé ne sera désormais plus autorisé à ouvrir l’oratoire de son église aux quelque deux cents musulmans de la ville qui chaque vendredi s’y réunissaient pour prier, faute de disposer d’une mosquée.

Le cochon de la Ligue du Nord

Don Danieli avait pris cette initiative il y a plusieurs mois, «en signe de fraternité» malgré les protestations de quelques paroissiens. «Les musulmans égorgent des moutons, puis ils s’emparent de tout», soutenaient certains d’entre eux. «Je n’ai constaté ce type de réactions qu’au début», rassure le curé, «puis quand je leur ai expliqué que je préférais un musulman qui prie à un chrétien qui blasphème, ils ont commencé à comprendre…»

La récente offensive de la xénophobe Ligue du Nord, qui s’est adressée à l’évêque, a tout de même eu raison de l’œcuménisme du prêtre de 69 ans. L’église Santa Maria Assunta ne pourra plus être une mosquée, même à temps partiel. «Il n’y a jamais eu d’autorisation pour que la paroisse puisse accueillir une communauté islamique pour des rencontres de prière», a fait savoir l’évêché. «Il ne m’était jamais passé par la tête de demander une autorisation. C’est comme faire la charité, on n’a pas besoin de permis pour cela», commente Don Danieli, contraint cependant d’exécuter les directives de ses supérieurs.

Quant aux léguistes, satisfaits et très implantés dans la région, ils entendent relancer leur bataille islamophobe. Dès samedi, ils ont organisé une manifestation contre la construction d’une mosquée à Padoue. Symboliquement, les militants du parti d’Umberto Bossi ont amené un cochon pour qu’il urine sur le lieu de l’emplacement prévu.»

J’ai écrit ci-dessous tout le mal que je pensais des religions. Force m’est de constater qu’au royaume de la connerie, certains sont nettement plus religieux que d’autres.

A moitié vide ou à moitié plein

Deux commentaires écrits ci-dessous par Mél, une amie, m’ont fait profondément réfléchir.

Voilà plusieurs mois, presque dix maintenant, que suite à la mort de mon père je me focalise sur sa disparition, sur la douleur du manque. Non que j’en culpabilise, j’estime au contraire que c’est normal et qu’il me faudra sans doute encore laisser du temps au temps. Mais c’est toujours pareil quand on a le nez dans son caca, il se révèle souvent très bénéfique de discuter avec autrui, avec des personnes «extérieures» à la situation, ce qui permet de prendre de la distance.

Que m’a-t-elle donc dit, cette chère Mél, qui m’a si intimement remuée? Elle a parlé de son vécu. Elle qui n’a même pas eu de présence paternelle avant de connaître le manque, elle pour qui le manque remonte quasi à l’origine, vu que son père a préféré se faire la malle plutôt que de s’occuper de sa famille.

Elle n’a pas cherché à me donner de leçon, c’est tout sauf son genre, elle a juste parlé de son vécu, en réflexion à ce que j’avais livré de moi-même. Et ça m’a fait un choc. Peut-être même un électrochoc.

Oui, bien sûr, je trouve dégueulasse, injuste que mon père soit mort alors qu’il aurait encore pu vivre dix, vingt ou trente ans de sa belle vie. Je trouve dégueulasse, injuste, d’être privée de sa présence, de son amour au quotidien. Oui, j’ai sur le cœur cette immense masse d’amour sans désormais de destinataire «physique». Oui, bien sûr, je ne le nie pas.

Mais putain! Je ne vois que les dix, vingt, trente ans qui n’existeront jamais, et j’en oublie les quarante ans qui ont été, bien réels ceux-là. Je ne vois que le verre à moitié vide de l’avoir perdu. J’en oublie le verre à moitié plein d’avoir eu si longtemps ce père admirable à mes côtés. La chance d’avoir été aimée, élevée, chérie, choyée. Bien plus qu’un verre à moitié plein.

Nul doute que je me serais souvenue de cette chance par mon propre cheminement. Mais je remercie Mél de me l’avoir rappelée.

11/11/2007

Outside, just after


Hors de, après
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Outside


Hors de
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Horizon, just after


Vu de la maison, après
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Horizon


Vu de la maison
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La maison, après
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Home


La maison
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11/10/2007

Succession

Puisque j’ai commencé à parler d’héritage…

Peu après l’enterrement de mon père, ma mère nous a demandé, à ma sœur et à moi, ce que nous désirions prendre au sein de ses affaires. Pour ma part, j’avais déjà un peignoir de bain qu’il avait reçu lors de sa très prime jeunesse. Franchement, je ne me rappelle pas comment il est arrivé en ma possession, ni à quelle occasion. Mais il n’a jamais fini dans un placard, je l’utilise aujourd’hui encore, et pas un jour ne s’écoule sans que je m’émerveille sur son inaltérable qualité – un peignoir de plus de mon âge, que je ne céderais pour rien au monde.

Peu après son enterrement, donc, je n’ai eu le désir que d’un seul objet. Sa montre. Pas celle qu’il portait à ses derniers instants. Pas celles, non plus, multiples, qu’il arborait ces dernières années. Une seule montre. Celle qui a marqué mon enfance. Celle qui était à son poignet pour nos premiers contacts, quand en nouveau papa encore maladroit il me portait, dans ses bras, nouvelle-née. Une montre Tissot, cadeau d’anniversaire pour ses 18 ans.

Cette montre, elle est désormais chez moi. Parfois je la remonte, parfois je ne la remonte pas. Mais qu’elle reste sur un meuble ou que je la porte, moi aussi, à mon poignet, elle me rappelle intimement mon père.

Ma mère préparant ses cartons en vue du déménagement, elle m’a demandé encore si je voulais garder quelque chose en plus. J’aurais voulu, si je dois prospecter au fond de moi, sa chevalière, anneau d’or et pierre noire. Sauf que c’est impossible. Il l’a perdue, il y a bien longtemps, pendant une baignade en pleine mer. Je l’ai cherchée, cherchée, cherchée. Remué le sable dans ses largeurs. Sans succès.

Alors, que me restait-il? Que me reste-t-il? Quelques polars en anglais, pour une fiction que nous partagions. Et, également, une veste en cuir, histoire de faire de la moto en protégeant sa peau. Une veste d’hiver, histoire de protéger sa peau dans les tempêtes de neige. Une veste de mi-saison, histoire de protéger sa peau dans les tempêtes de pluie et de vent.

Un partage d’imagination, un partage de protection, un partage tout court, doublé du temps qui passe. Un partage réciproque.

Voilà l’héritage de mon père. Que j’ai envie de partager avec ceux que j’aime.

Hommage - en musique et en images

En hommage

A la chanson interprétée par Jean Gabin, dont je m'inspire pour l'intitulé de mon billet précédent.

Paroles: Jean-Loue Dabadie / 1974

Quand j'étais gosse, haut comme trois pommes,
J'parlais bien fort pour être un homme
J'disais, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS, JE SAIS

C'était l'début, c'était l'printemps
Mais quand j'ai eu mes 18 ans
J'ai dit, JE SAIS, ça y est, cette fois JE SAIS

Et aujourd'hui, les jours où je m'retourne
J'regarde la terre où j'ai quand même fait les 100 pas
Et je n'sais toujours pas comment elle tourne!

Vers 25 ans, j'savais tout: l'amour, les roses, la vie, les sous
Tiens oui l'amour! J'en avais fait tout le tour!

Et heureusement, comme les copains, j'avais pas mangé tout mon pain:
Au milieu de ma vie, j'ai encore appris.
C'que j'ai appris, ça tient en trois, quatre mots:

Le jour où quelqu'un vous aime, il fait très beau,
j'peux pas mieux dire, il fait très beau!

C'est encore ce qui m'étonne dans la vie,
Moi qui suis à l'automne de ma vie
On oublie tant de soirs de tristesse
Mais jamais un matin de tendresse!

Toute ma jeunesse, j'ai voulu dire JE SAIS
Seulement, plus je cherchais, et puis moins j' savais

Il y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et j'm'interroge?

Maintenant JE SAIS, JE SAIS QU'ON NE SAIT JAMAIS!

La vie, l'amour, l'argent, les amis et les roses
On ne sait jamais le bruit ni la couleur des choses
C'est tout c'que j'sais! Mais ça, j'le SAIS...!

Maintenant je sais

On a beau savoir qu’on ne sait jamais tout, particulièrement quand on prend de l’âge – il y a toujours un moment où on se rend compte qu’on s’est laissé piéger, qu’on croyait savoir alors qu’on ne savait rien.

Progressivement après la mort de mon père, j’ai senti ma mère se diriger lentement mais sûrement vers l’idée de vendre leur maison commune pour acheter un appartement bien à elle. Trop de souvenirs, à la fois heureux et pénibles. Trop de présence tangible, de la cave au galetas, dans les moindres recoins. Trop de trop pour continuer à appliquer le désir sincère de se battre pour la vie, d’aller de l’avant malgré le manque et la douleur. Aussi, lorsqu’elle nous a annoncé, à ma sœur et à moi, qu’elle allait effectivement vendre, je n’ai pas été surprise. «Je le savais», me suis-je dit.

Quand, selon la loi suisse régissant les successions, j’ai dû donner mon accord signé, je n’ai pas hésité une seconde. Pour moi, c’était une évidence que ma mère demeure bénéficiaire de l’usufruit – pour ma sœur aussi, d’ailleurs. Je savais depuis des années, sans même y avoir songé concrètement, que je réagirais ainsi, quel que soit celui de mes parents qui s’en irait en premier. Je le savais, je le sais, et ça ne changera pas dans les ans à venir. Cette certitude-là est une vérité qui ne souffre aucune remise en question. Parallèlement, je comprends totalement les motivations de ma maman – je ne les comprends pas seulement rationnellement, je les comprends d’empathie. Mon père n’est plus là, hélas. Maintenant, tout ce que je souhaite, c’est que ma mère vive au mieux, je l’espère à nouveau heureuse avec le temps, dans un endroit où elle se sentira bien.

Ce n’est pas là que je me suis trompée. Là où je me suis trompée, c’est lorsque j’ai cru savoir que la vente de cette maison ne me toucherait pas. Non sans une certaine logique: j’avais depuis longtemps quitté le cocon familial, n’avais ni grandi ni vécu en ces lieux. Donc je me disais que cela ne me ferait ni chaud ni froid. J’en étais sûre, oui, au point de prétendre le savoir.

J’ai pu constater hier soir combien je m’étais leurrée. Pourquoi hier soir, précisément? J’y ai passé la nuit avec mon homme, et cette nuit était la dernière. Ma mère, question de place dans son futur appartement, a cédé sa chambre à coucher d’ami. La prochaine fois que nous dormirons chez elle, ce sera exclusivement «chez elle», plus «chez mes parents». Et, hier soir également, je lui ai rendu la clé de la maison, que je trimbalais partout avec moi, accrochée à mon trousseau. Hier soir, j’ai eu le sentiment, très puissant, de tourner une page, de clore un chapitre. J’ai eu le sentiment, pour exprimer les choses telles que je les ai ressenties, d’enterrer mon père une deuxième fois. Et ça m’a fait mal, terriblement mal, à milles lieues de ce que je croyais savoir.

Je souligne «le sentiment d’enterrer mon père une DEUXIÈME fois», non une «seconde». Parce que je sais, et là malheureusement je ne crois pas me tromper, qu’il y en aura d’autres, de ces enterrements rituels. Qui accompagneront l’entier du processus de deuil.

La nostalgie de cette maison s’estompera petit à petit, je cesserai de trouver intolérable que d’autres, des «étrangers», y habitent. Les souvenirs de ce qui a été de lumineux prendront le dessus de l’absence et de ce qui n’est plus. Je me réjouis, et me réjouirai encore plus, de partager d’autres bons moments avec ma maman dans son appartement, base de nouveaux souvenirs. Sachant – si, si – que mon papa ne souhaiterait pas différemment pour nous.

Ce que j’ai tiré de hier soir, c’est une importante leçon. De celles que l’on croit, trop souvent et à tort, savoir: on ne sait jamais rien d’un vécu avant de l’avoir vécu.

11/08/2007

Message d'une femme des cavernes

En allant faire mes courses cet après-midi, j’ai croisé une affiche de la section vaudoise de la protection des animaux. En avant-première des Fêtes de fin d’années, intitulée: «Foie gras: le méchant petit goût de cruauté ordinaire.»

Rentrée chez moi, j’ai cherché des précisions sur le site internet de la svpa. Concrétement:

«Dès aujourd'hui, le public pourra voir dans les transports publics, sur des affiches, par des annonces dans les médias ou encore par notre dépliant 4 pages y relatif, des messages de propagande au sujet du foie gras.

En axant sa campagne de l’année sur le foie gras, la Société vaudoise pour la protection des animaux souhaite sensibiliser le public au fait que le foie gras est un produit qui engendre une souffrance animale inacceptable.

Le fois gras bénéficie d'une image traditionnellement liée aux Fêtes. La période à venir est donc idéale pour que nous nous demandions si cette souffrance animale leur donne vraiment un meilleur goût...

Sur notre site internet, vous trouverez de l'argumentation concernant la production de foie gras, des documents à télécharger (au terme de la campagne) ainsi que des références internet sur ce thème (site, images, vidéo).»

Une recette:

Foie gras de canard poêlé au coulis de framboises:

Personnes: quatre
Cuisson: 1 minute
Préparation: 35 minutes

400 gr de foie gras de canard frais
150 gr de framboises
1 c. à soupe de sucre
1 c. à café de vinaigre de framboises
8 tranches de toast
sel et poivre du moulin
2 c. à soupe de farine
4 portions de beurre

Escaloper le lobe de foie en 8 tranches fines à l’aide d’un couteau préalablement chauffé à l’eau chaude.

Dans une casserole cuire les framboises avec le sucre, quand les framboises sont en purée ajouter le vinaigre et passer au chinois pour en obtenir le coulis. Dresser le coulis sur le fond des quatre assiettes.

Chauffer une poêle, assaisonner les tranches de foie recto verso, farinez-les et déposer les tranches dans la poêle très chaude.

Faire dorer les tranches de chaque côté 15 secondes et dresser sur le coulis. Accompagnement toast & beurre.

De conviction, je soutiens la défense des animaux. Mais il ne faut pas exagérer: gourmande des cavernes, je reste. Et je n’ai pas, contrairement à certains fondamentalistes, le sentiment que cela aille contre la nature.

Bon appétit!

Des vraies valeurs de la religion

Dernièrement, quelqu’un m’a demandé pourquoi j’avais une telle haine de la religion catholique. Haine? Le mot m’a chatouillée. Voilà bien un sentiment que je n’aime pas, et j’aime encore moins savoir que j’en suis capable. Pourtant j’ai bien dû me rendre à l’évidence: la religion catholique m’inspire de la haine et lorsqu’il m’arrive de disserter sur le sujet, j’ai tendance à rapidement laisser mon esprit rationnel, analytique, critique au placard.

J’ai compris un peu mieux hier à quoi cela est dû, et que ma haine est avant tout dirigée contre le catholicisme de ma famille paternelle.

Que je m’explique en quelques mots. J’ai évoqué dans un précédent billet le clash provoqué par la mort de mon père avec cette partie de la famille, notamment avec la «nonna», matriarche dans tout ce que la notion peut avoir de plus détestable. Comme si la présence de mon père avait jusque-là fait office de barrage et que, lui parti, les rancoeurs accumulées au fil des années refaisaient surface, débordaient finalement.

Je lui ai téléphoné hier soir, à cette «grand-mère», pour essayer de débrouiller ce que je voyais tel un gigantesque malentendu. Pas pour moi, mon unique grand-mère, je l’ai perdue en 2000, cette femme n’est rien à mes yeux, et depuis très longtemps – pour ma mère, qui souffre de l’ostracisme dont elle est l’objet.

Tu parles d’un dialogue avec une sourde! A la mesure des «échanges», j’ai laissé tombé une inutile diplomatie compréhensive, pour lui parler d’adulte à adulte. Ce qui m’a valu d’abord une remise à l’ordre «Tu ne vas pas, toi, à ton âge, me faire la morale!», puis un argument final: «De toute façon, je suis sûre qu’à la Toussaint vous n’êtes même pas allées sur la tombe de ton père, ni toi, ni ta sœur, ni ta mère… La Toussaint, c’est un jour sacré pour les catholiques, et toi, ta sœur, ta mère, vous faites tout faux… Je ne vous souhaite aucun mal, mais Dieu vous le rendra…»

Clair et net. Ce que j’imaginais un malentendu s’avère en réalité un fossé d’incompatibilité majeure – et s’il ne s’exprime ouvertement qu’aujourd’hui, il n’est pas nouveau. D’un côté une femme qui ne veut plus mettre un pied dans la maison de mes parents, incapable de se confronter à l’endroit où «son fils a été heureux» et qui préfère largement entretenir la morbidité du cimetière. D’un autre trois femmes qui vont certainement se recueillir sur la tombe, mais qui pensent que l’essentiel est ailleurs, dans le souvenir, l’amour qui perdurent dans leur cœur, et l'héritage qui en découle.

L’omnipotence des morts, la prédominance des morts sur les vivants, le mea culpa et la culpabilisation, l’obsession de l’obéissance et de la soumission, l’obsession du péché et de son principal instigateur, Satan, le Diable, l’Ennemi… Voilà, entre autres, ce qui est à la base de ma haine pour le catholicisme familial. Ma mère est d’«origine» protestante, profondément chrétienne, mais elle n’en reste pas moins une infidèle égarée sur les voies du mensonge – à se demander comment mon père a pu l’épouser, voire l’aimer tout court. Quant à ma sœur, athée, et à moi, agnostique, nous ne méritons pas mieux que le bûcher – rejetonnes indignes de la lignée et du sang paternels, monstruosités dont la faute revient à cette seule femme avec laquelle le Fils parfait s’est fourvoyé.

Je ne cacherai pas être satisfaite que tout ait été posé sur la table, après des décennies d’hypocrisie. Hier soir, j’ai définitivement coupé les ponts. Adepte de la communication et de la recherche de solutions, je trouve dommage d’en arriver là. Mais, et c’est tout le problème, on ne communique pas avec des fanatiques.

Ma haine du catholicisme ultra vient bel et bien de mon vécu. Elle s’applique du reste à toute forme de fanatisme. Me reste à travailler pour ne pas tomber dans le travers inverse, citant Cioran, des fanatiques de l’anti-fanatisme. A mettre en avant ce que les illuminés de tous bords ne pratiquent pas: à savoir, justement, l’esprit rationnel, analytique, critique. A commencer envers moi-même.

Ce qui précède me confirme dans ce que j’ai toujours pensé: les religions religieuses sont les pire «inventions» de l’Humanité. Pour quelques profits, combien de dégâts? Les religions, quelles qu’elles soient – religieuses, politiques, économiques, philosophiques, etc, etc… - sont dangereuses.

Plus je vais de l’avant, plus je m’en méfie. A juste titre.

11/07/2007

Vue sur le Lavaux et l'agglomération lausannoise


Switzerland, vineyards
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J'ai choisi deux photos en rapport avec mon installation à Lausanne. Mais j'aurais pu en sélectionner X autres, pour leurs qualités et leur beauté. Nul doute que j'y reviendrai...

Lausanne


Lausanne
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Photoriel

Dès le début, j’ai pensé qu’un blog était un moyen magique de faire partager son univers. «Magique» pas dans un sens paranormal ou surnaturel. «Magique» dans le sens où les enfants l’entendent. Dans le sens où certains adultes, qui ne se sont pas coupés de leur âme d’enfant, l’entendent. Comme moi, irréductible enfant bien qu’adulte, je l’entends.

C’est également un moyen tout aussi magique de découvrir l’univers d’autrui. J’ai vécu ces derniers jours une telle aventure. Je souligne «aventure», parce que je l’ai ressenti de manière équivalente à voyager au bout du monde. Dans un autre monde. Un autre univers.

Je cherchais une photo à mettre en lien avec mon billet sur la joie de se promener au cœur des paysages helvétiques. Surfant sur flickr.com, je suis tombée sur l’album de photoriel. Le cliché que j’ai intitulé «La Suisse / le Jura» est le sien. Comme je suis profondément respectueuse du droit d’auteur, je lui ai envoyé un mail pour lui signaler que j’avais utilisé une de ses photos. Nous avons échangé quelques messages sympathiques et il m’a autorisée, je l’en remercie encore, à puiser dans son album à ma convenance.

Le but de ce billet est d’inviter les personnes qui me lisent à aller jeter un coup d’œil – non, plus qu’un coup d’œil, à se plonger dans l’univers propre à photoriel. Il suffit pour cela de cliquer sur un des clichés ou sur le lien noté dessous.

Un monde onirique, animé d’une âme personnelle vibrante, qui en vaut bien plus que le détour.

Engagez-vous!

Dieu merci, il existe encore des journalistes qui savent monter aux barricades pour de justes causes. Non non, je ne parle pas du Darfour. Ni des inondations dans l’Etat mexicain du Tabasco. Ni de celles au Vietnam. Ni de toutes ces tragédies qui ne sont même pas médiatisées. Soyons clairs: c’est du détail, peanuts, on s’en fout.

Non non, je parle d’un truc essentiel. Effroyable, inimaginable.

De LA pièce de théâtre qui fait actuellement scandale à Paris. Bon, je n’ai pas retenu le nom de ladite pièce, ni dudit théâtre. Mais enfin, c’est Le Temps dans son édition de ce mercredi qui le rapporte, source incontournable, donc c’est forcément vrai.

Attention, je vais entrer dans le vif du sujet. Les propos qui suivent sont susceptibles de heurter certaines sensibilités. Vous voilà avertis.

Le metteur en scène de cette pièce a eu le toupet de… j’ose à peine l’écrire…

… ouf, que je reprenne mon souffle…

a eu l’outrecuidance de faire paraître plusieurs annonces d’offre d’emploi, à la recherche de comédiennes prêtes à se laisser raser la tête durant la durée de la pièce, pour la somme de 200 euros (332,308 francs au cours actuel).

La réaction de mes confrères de Marianne ne s’est pas fait attendre. «C’est scandaleux!», martèle-t-on dans ses colonnes. Scandaleux par rapport à l’objectif premier du théâtre, de toute fiction en général, qui est de «sublimer la réalité et non de la reproduire». Scandaleux pour des raisons travaillo-éthiques également, chercher à profiter ainsi de la détresse de comédiennes disposées à tout pour décrocher un rôle. Scandaleux encore pour des raisons émotionnello-historiques, rappelant trop crûment ces femmes qui à la Libération avaient été tondues pour avoir fricoté de trop près avec l’occupant nazi.

Le point de vue des comédiennes qui ont accepté le rôle, Marianne s’en moque. Elles ont beau expliquer, comme l’une d’elles, qu’elles voient cela tel un «défi», une forme de «dépouillement ultime» qui aura des conséquences bien au-delà de la pièce avec le «regard d’autrui», une démarche quasi sociologique. Il est évident qu’elle est bassement, ainsi que les autres, exploitée par un metteur en scène sans morale ni scrupule, qui ne mérite pas d’appartenir au Monde de la Culture. Et le journal d'appeler au boycott intégral.

Il va sans dire que je soutiens à fond la lutte de mes collègues.

Imaginer une semblable ignominie… Je ne sais pas vous, mais moi j’en ai… les cheveux qui se dressent sur la tête!

11/06/2007

Double je

Et aussi, dans un même autre genre:

Jacques a dit

Quand certaines personnes se demandent. Juste un clip que l'on espère, pour se dépasser. Juste parce que l'on aime l'espoir...

CSB

Le prénom dit que... Je l'y retrouve... A lui de répondre, s'il s'y reconnaît ou non... :-)

Etymologie : Courage, ours (germanique).

Qui est il?

C'est un homme viril qui dégage une impression de force, d'autorité et n'est pas dépourvu d'un certain magnétisme. Avant tout réaliste et pratique, il a les pieds sur terre et possède une forte énergie lui permettant de concrétiser ses rêves. Peu influençable, il poursuit tranquillement son chemin en cherchant toujours à progresser, et pour cela il s'appuie sur une forte volonté et une puissance d'action importante, bien qu'irrégulière. C'est un être sensible dont le talon d'Achille est sans doute la vie affective malgré son apparence sévère. En rapport avec l'étymologie, son prénom signifiant «fort comme un ours», il apparaît ferme, intransigeant, parfois même brusque ou tranchant, alors qu'il ne fait que dissimuler sa sensibilité et sa tendresse.

C'est un homme de devoir, qui n'a qu'une parole et sur lequel on peut compter. Direct, franc et honnête, il a même tendance à être trop scrupuleux et rigoureux (6 karmique) et c'est en cela qu'il n'est pas toujours facile à vivre. Autoritaire, il exige des autres ce qu'il s'impose à lui-même et il est loin d'être tolérant! D'ailleurs, impatient et coléreux, il ne supporte pas les pertes de temps inutiles. Avec un maître nombre 11, il a souvent une grande inspiration qui le pousse à vivre avec intensité et à s'investir dans une passion réalisatrice. Mais cela le fait vivre dans un climat de tensions qui déchaîne chez lui des «explo sions», des brusqueries et des accès de colère. L'injustice le met hors de lui et le rend capable d'agressivité. Enfant, c'est un garçon très attaché à sa famille et fortement marqué par elle, désireux de faire plaisir. Il est d'ailleurs très tôt responsable et ses parents savent qu'ils peuvent compter sur lui. Scrupuleux et perfectionniste, il a souvent tendance à trop disséquer les événements. Son esprit est analytique et il possède une très forte intuition. Sa mémoire est en général très bonne, ce qui lui sera utile s'il entreprend des études.

Qu'aime-t-il?

Il aime plaire et recherche avant tout la paix et l'harmonie. Épris de perfection, il est sensible à la beauté, à l'esthétique ou au confort. Il peut lui arriver d'être indécis ou perfectionniste, tant est développé son souci du détail. Cela peut se traduire tant par une recherche exacerbée de la précision, de la ponctualité, de l'hygiène, que par un certain narcissisme ou encore par une grande conscience professionnelle. Le sentiment est important dans sa vie, aussi est-il profondément attaché à sa famille ou à ses amours, parfois d'une façon possessive. En ce dernier domaine, il est entier, mais peut se montrer volontiers jaloux. En revanche, c'est quelqu'un de fidèle et de loyal.

Que fait-il?

Plusieurs orientations sont susceptibles de lui convenir: celles en rapport avec le domaine médico-social, avec la prise en charge des autres ou le conseil..., celles liées au monde des affaires ou de la finance (gestion, comptabilité, activités bancaires...), celles en rapport avec le confort, l'immobilier, la cuisine, la gastronomie, l'esthétique, la précision..., celles en liaison avec le feu et le fer: pompier, emplois dans la métallurgie, boucher, chirurgien.

La Suisse / le Jura


Switzerland
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Sur nos monts, quand le soleil...

Envie d’aller marcher, aujourd’hui. Ayant congé toute la semaine, j’avais ce désir de prendre l’air, quand au boulot je passe l’essentiel de mon temps devant un écran d’ordinateur, dans des bureaux confinés, sans la moindre terrasse et où de toute façon l’environnement extérieur se résume aux bâtiments bétonnés d’une zone industrielle. Mon homme, qui travaille en indépendant, a eu la gentillesse d’aménager ses horaires afin que nous puissions partager cette journée.

Après une grasse matinée, un petit-déjeuner, nous nous sommes mis en route. Direction St-Cergue. De là, nous avons trotté par monts et vaux, avant de revenir sur le village pour un repas bien mérité.

Un climat idéal pour une balade récréative. Ni trop chaud, ni trop froid, ni trop ensoleillé, ni pas assez. Et quelle splendeur que la nature dans ses couleurs d’une fin d’automne, juste avant que la neige ne fasse son entrée (ce qui nous vaudra d’autres promenades en raquettes). Ocre, cuivré, vert des conifères, or, argenté – magnifiés par la luminosité propre à cette saison. Et quel calme. Quel silence. Et quelle pureté de l’air, aux fragrances à la fois si légères, si corsées.

Mon homme est originaire de Paris. C’est là-bas qu’il est né. Là-bas qu’il a grandi. De là-bas que, arrivé à l’âge adulte, il a voulu s’échapper. Tandis que nous foulions les feuilles mortes, emplissions nos poumons, il me disait: «J’ai souvent l’impression que les gens d’ici ne sont pas conscients de la chance qu’ils ont. De pouvoir sortir de chez eux et se retrouver si rapidement en pleine nature. De ne pas devoir faire au minimum cinq heures de route pour y accéder. Moi, j’ai été émerveillé dès le début. Et je ne m’en lasse pas. Qui sait? Peut-être que d’ici vingt ans il en sera autrement…»

Je lui ai répondu que non, il n’en serait pas forcément autrement. Je suis née à Neuchâtel, j’ai grandi à Neuchâtel. Mes parents étaient de grands adeptes de marches, balades et autres promenades. Le Creux du Vent, les Rochers du Miroir, les Quatorze Contours, la Ferme Robert, les Fruitières de Bevaix, les Gorges de l’Areuse, les Gorges de la Poëta-Raisse, Chaumont, Chasseral, le Mont-Soleil… Le pied du Jura, les sentiers du Val-de-Travers… Les piques-niques sur le pouce ou les torrées… Mis à part une mini parenthèse ado où j’ai pris le contre-pied, je n’en ai jamais perdu le goût.

Je m’émerveille toujours autant, après 40 ans, des paysages helvétiques. Et je suis consciente, pleinement, du privilège que j’ai à y vivre. Cela n’empêche pas que lorsque mon homme me parle comme il me parle, j’en suis d’autant plus consciente, peut-être plus profondément. Je lui sais gré de me le rappeler aussi intimement. Je lui sais gré d’exister, pour cette chance que nous avons à le partager.

Sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil…

11/05/2007

Je m'appelle ***

Un lien tiré d'un site ami. Du comment du prénom de chacun, et comment cela peut influencer l'existence de ses détentaires. J'ai ricané, ha ha, un truc du genre le tirage horoscopique des cartes où tous peuvent se reconnaître, à condition d'être suffisamment naïf.

J'ai nettement moins rigolé lorsque j'ai entré mon prénom. C'est tellement moi! Sceptique de nature, j'y vois un hasard, une coïncidence. Mystique comme je suis, je ne peux m'empêcher de songer que, peut-être... Comme je suis, je le livre parce que ça me fait sourire...


Etymologie :
Celle qui élève (hébreu).

Qui est elle ?

Elle est une femme double et déconcertante. Elle possède une nature inquiète et nerveuse, parfois proche de l'angoisse. Mais elle est également très active, dynamique, et veut donner une impression de force à ceux qui la côtoient. Certainement pour cacher ses inquiétudes sous une carapace, afin de se protéger. Néanmoins, avec elle rien ne dure et elle est capable de passer facilement de l'enthousiasme à la déprime, dramatisant tout et amplifiant terriblement le moment présent. Ce trait de caractère la rend difficile à comprendre et le moins que l'on puisse dire est que sa cyclothymie déconcerte assez son entourage. En fait, l'union du 7 et du 8 chez elle est l'association de valeurs de feu, de passion, d'exagération, d'activité débordante, d'autorité, d'impulsivité... et de valeurs d'eau, de réserve, de réflexion, de passivité, de sensibilité et d'intériorité... ce qui n'est évidemment pas aisé à vivre !

Elle peut donner l'impression d'être une femme capricieuse ou excessive, alors qu'elle a, en réalité, beaucoup de mal à harmoniser ces deux tendances incompatibles. C'est une femme dont les contrastes peuvent être saisissants: elle peut passer du sport de compétition à une recherche mystique ou métaphysique.

Aussi, lorsqu'elle est enfant, faut-il tenter de la dompter avant qu'elle n'ait raison de votre gentillesse ou de votre patience. Parents, favorisez les activités physiques (danse, sports) ainsi que le développement de sa sensibilité. En fait, elle a souvent un côté sauvage et veut paraître plus dure qu'elle n'est en réalité, ce qui lui permet de se protéger. Ne vous fiez pas à cet air ironique ou cynique qu'elle affiche parfois. C'est au contraire une hypersensible, très tournée vers son foyer dont elle attend affection et chaleur. Elle est souvent beaucoup plus inquiète et craintive qu'elle ne veut bien le reconnaître.

Qu'aime-t-elle ?

Elle a le goût du pouvoir et du commandement, qu'elle est d'ailleurs tout à fait capable d'assumer... Elle aime le travail bien fait et n'hésite pas à prendre des responsabilités qui devraient incomber à d'autres. La réussite l'attire. C'est pour elle une façon d'obtenir un certain bien-être matériel qui lui permet de se rassurer. Côté coeur, c'est une femme énigmatique, un sphinx, qui ne fait rien pour mieux être comprise. Tantôt formidable, chaleureuse, démonstrative, généreuse... tantôt renfermée, blessée, déçue et amère... N'oubliez pas cependant que ces attitudes parfois contradictoires cachent une grande romantique qui a besoin d'aimer et d'être aimée. Ses sentiments sont sûrs et profonds et sa moralité est stricte. Hôtesse remarquable lorsqu'elle le veut bien, elle séduira par sa nature enjouée, parfois excentrique ou exaltée. Elle sait recevoir comme personne !

Que fait-elle ?

Avec une telle personnalité, son choix professionnel n'est pas aisé et il est rarement unique. En effet, son nombre actif 25 caractérise l'hésitation et les changements abrupts. Il la fait osciller lorsqu'il s'agit pour elle de trouver sa voie. Ainsi trouverons-nous plus particulièrement les inclinations suivantes : le commerce et la finance, une profession où son esprit critique sera utile, une profession en rapport avec une certaine recherche, qu'elle soit scientifique, artistique ou parapsychologique..., une profession originale, car elle n'aime pas le conformisme.

Crise, conflit, etc...

Lu ou vu ou entendu je ne sais plus où:

Les crises et les conflits dans un couple ne sont pas forcément négatifs. Est-ce que je deviens ringarde? J’ai l’impression qu’à notre époque les personnes qui ont choisi de vivre ensemble ont tendance à jeter l’éponge à la première difficulté. Non que je défende le couple «à l’ancienne», où l’on restait ensemble envers et contre tout, pour des raisons culturelles, religieuses. Pour des raisons traditionnelles. Sociologiques. Mais il me semble qu’aujourd’hui on adopte un tantinet la tendance inverse. Que se présente le moindre obstacle et, pouf, on opte pour la séparation radicale, définitive.

Je ne suis pas nostalgique ni moderniste à outrance. Je préfère penser qu’il existe un juste milieu entre les deux.

Tout couple suppose, à un moment ou à un autre, crise et conflit. Ce n’est pas du négativisme, encore moins du pessimisme de ma part. Simplement parce qu’il y a d’abord la «lune de miel», où on idéalise l’autre, où l’on s’idéalise soi-même, où l’on s’idéalise à deux. Et qu’ensuite arrive l’instant où l’on se demande, concrètement, rationnellement: «Est-ce que j’ai envie de continuer avec cette personne? Est-ce que j’ai envie de construire avec elle? Malgré les défauts, et outre les qualités, que j’ai découvert d’elle?» Et l’autre se pose, parallèlement, une identique question.

Tant de couples nouveaux-nés échouent sur cet écueil. Tant préfèrent passer à autre chose et recommencer une autre «lune de miel» ailleurs.

Puis il y a ceux qui ont envie de s’engager. Sincèrement, profondément. Ils traversent la crise, le conflit. Et au lieu d’en tirer une fin de non recevoir, ils en tirent une leçon. De quelque chose d’apparemment rédhibitoire, ils font quelque chose de positif, de constructif.

Ils en ressortent renforcés.

Rien ne prouve qu’ils tiendront la durée. Mais du moins ils essayent. Et rien que pour cela, je leur souhaite de réussir.

Je nous souhaite, à moi et à mon amour, de réussir.

11/03/2007

L'homme pressé

Quand un groupe parle le même langage. Et un homme, exposé au pilori. Que certains exigent sa mort. Je comprends, même s'il m'en coûte de l'avouer, cette envie de vengeance. Je comprends mais je n'y souscris pas. Cantat a payé son acte en conscience, une conscience qui va le poursuivre toute sa vie durant. Et de toute façon je ne soutiens pas, ne soutiendrai jamais, la peine de mort.

Noir Désir, ça a été un coup de foudre dont je ne démors pas. J'ai pleuré d'émotion lorsque je les ai vus en live au Volkshaus de Zurich.

Tout ce que je peux souhaiter, c'est qu'il revienne. C'est qu'ils reviennent, dans leur ensemble, pour une critique au vitriol de notre quotidien dont ils ont le secret.

Porteuse, oui, d'espoir.

Libellés :

A la gloire

Je marche avec mon temps. Je me suis promis que si je devais devenir une femme du troisième âge – une vieillarde, quoi – je ne me retrouverais jamais dans la situation où j’ai dû parfois accompagner des personnes âgées. Du genre devant un automate à billets des CFF, paniquée à ne pas comprendre comment cela fonctionne. Non, comme déjà dit, que je me braque à l’idée de vieillir. Bien au contraire, j’ai envie de ressembler à certains vieux que l’on rencontre ici et là, qui respirent la plénitude de leur vécu. D’autant plus précieux qu’ils sont hélas rares.

Si je marche avec mon temps, c’est que je suis une curieuse insatiable. Que tout m’intéresse, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Un trait de caractère qui me vient de mon père, désormais un héritage. Comme lui, j’aime apprendre – plus, j’ai besoin d’apprendre, aussi intrinséquement que l’air que je respire. Une nourriture à tous les niveaux, dont je ne saurais faire à moins.

Ce qui ne m’empêche pas de détester une technologie familière.

J’ai nommé: la télévision.

L’Humanité s’est donné, se donne toujours, à la mesure des siècles, les moyens d’aller de l’avant. Et les moyens, malheureusement aussi égaux, de régresser.

La TV en est un exemple flagrant. Peut-être que je semblerai naïve, mais je crois sincèrement que la télévision est une des pires inventions. Peut-être que nous communiquions mal auparavant, d’homme à homme, de femme à femme, d’homme à femme, de femme à homme, d’homme et femme à enfants, d’enfants à femme et homme. Peut-être bien, mais aujourd’hui nous ne communiquons plus du tout. Ou alors vaguement, d’une façon superficielle qui voudrait se faire passer pour intime et profonde.

Je hais l’illusion dérisoire de la télévision. Et viendra sûrement l’instant où, malgré le métier qui m’y rapporte, je couperai définitivement les ponts.

Les pantoufles, ou la vie!

Tous les soirs sauf le week-end, une femme de ménage vient avec son mari, son fils et parfois sa fille nettoyer le bordel (le mot est pesé) laissé derrière eux par les journalistes du média où je travaille. Je m’entends bien avec cette Italienne et lorsque je suis présente je prends toujours plaisir à tailler une bavette avec elle. Question de racines, de culture partagée, qui favorisent la communication. Pour le bonheur aussi de parler cette «bellissima lingua» que je n’ai que trop rarement l’occasion de pratiquer – encore que nous nous exprimions dans un sabir franco-italien typique des expatriés. Et puis aussi parce que, indépendamment du reste, j’apprécie cette femme.

Agée de 46 ans, elle est pourtant quelque part mon antithèse. Elle a connu son actuel époux à 16 ans - quand moi à cet âge j’entrais à peine dans la rébellion de l’adolescence. Mariée peu après, elle n’a fréquenté, y compris «bibliquement», qu’un seul homme – quand moi j’ai accumulé au fil des ans X relations sans lendemain.

Aujourd’hui, nos chemins se croisent. Là où j’ai finalement décidé de m’engager, de mettre toutes mes forces pour construire un couple durable avec celui que j’aime, celui qui m’en a donné envie, de me libérer d’une fausse liberté aussi contraignante qu’une obligation – elle est tentée de mettre un terme à un couple qui lui est devenu une obligation pour retrouver sa liberté.

Depuis 30 ans, elle côtoie un homme avec lequel elle ne partage rien. Depuis 30 ans, elle a tout supporté pour diverses raisons. Par devoir, principalement. Les enfants à élever, l’habitude acquise de penser aux autres avant soi-même. Par espoir également: peut-être son mari allait-il comprendre, peut-être allait-il évoluer. Trente ans se sont écoulés, rien n’a changé. Sauf que maintenant les enfants sont grands. Et, petit à petit, elle caresse l’espoir de ne penser qu’à elle, de prendre soin d’elle.

Dernièrement, elle est partie en vacances avec une amie au Maroc, pour une thalassothérapie. Avant de s’en aller, elle était pleine de doutes: était-ce le bon choix, était-ce le bon lieu, est-ce qu’elle ne faisait pas une erreur, est-ce qu’elle n’allait pas regretter? Ce soir, tandis que je vaquais à mes occupations, je l’ai sentie transformée. C’est d’ailleurs le mot qu’elle a elle-même utilisé. Ses yeux brillaient, elle rayonnait. Je l’ai sentie bien dans sa peau, bien dans son corps, bien à tous points de vue.

La raison de cette métamorphose? Pour la première fois de son existence, elle n’avait œuvré qu’à son propre plaisir. Sans se préoccuper de ce qui adviendrait aux autres – son mari, ses enfants, sa famille, tout ceux dont elle se sentait redevable.

Une libération. Avec une complication supplémentaire. Que faire désormais de ce couple qui lui pèse plus qu’autre chose? L’envie de s’en débarrasser est claire. Freinée par la tentation de rester tranquille dans ses pantoufles. «J’aimerais le quitter», dit-elle à mots couverts, en substance, «mais d’un autre côté j’ai peur de me priver de la sécurité qu’il m’offre et dès que je songe à passer à l'acte, je lui trouve tout un tas de qualités. »

Nous sommes nombreux à privilégier les pantoufles du connu parce que nous craignons d’assumer le risque de l’inconnu, quand bien même nous savons que ce connu ne nous convient plus et que nous aurions tout à gagner à essayer ailleurs. Qu’il est préférable d’essayer, quitte à se tromper, plutôt que de regretter ensuite, lorsqu’il sera trop tard, de n’avoir jamais agi.

Mon vécu et celui de la femme de ménage sont d’apparence antithétiques. Pourtant nous nous retrouvons face à un choix identique: les pantoufles, ou la vie. J’ai choisi, malgré la peur que cela suppose, la vie. Plagiant une célèbre pub: l’existence est trop courte pour s’habiller mitigé.

J’espère pour elle que l’Italienne saura s’aventurer. Ou que sinon elle le vivra au mieux.