11/07/2007

Engagez-vous!

Dieu merci, il existe encore des journalistes qui savent monter aux barricades pour de justes causes. Non non, je ne parle pas du Darfour. Ni des inondations dans l’Etat mexicain du Tabasco. Ni de celles au Vietnam. Ni de toutes ces tragédies qui ne sont même pas médiatisées. Soyons clairs: c’est du détail, peanuts, on s’en fout.

Non non, je parle d’un truc essentiel. Effroyable, inimaginable.

De LA pièce de théâtre qui fait actuellement scandale à Paris. Bon, je n’ai pas retenu le nom de ladite pièce, ni dudit théâtre. Mais enfin, c’est Le Temps dans son édition de ce mercredi qui le rapporte, source incontournable, donc c’est forcément vrai.

Attention, je vais entrer dans le vif du sujet. Les propos qui suivent sont susceptibles de heurter certaines sensibilités. Vous voilà avertis.

Le metteur en scène de cette pièce a eu le toupet de… j’ose à peine l’écrire…

… ouf, que je reprenne mon souffle…

a eu l’outrecuidance de faire paraître plusieurs annonces d’offre d’emploi, à la recherche de comédiennes prêtes à se laisser raser la tête durant la durée de la pièce, pour la somme de 200 euros (332,308 francs au cours actuel).

La réaction de mes confrères de Marianne ne s’est pas fait attendre. «C’est scandaleux!», martèle-t-on dans ses colonnes. Scandaleux par rapport à l’objectif premier du théâtre, de toute fiction en général, qui est de «sublimer la réalité et non de la reproduire». Scandaleux pour des raisons travaillo-éthiques également, chercher à profiter ainsi de la détresse de comédiennes disposées à tout pour décrocher un rôle. Scandaleux encore pour des raisons émotionnello-historiques, rappelant trop crûment ces femmes qui à la Libération avaient été tondues pour avoir fricoté de trop près avec l’occupant nazi.

Le point de vue des comédiennes qui ont accepté le rôle, Marianne s’en moque. Elles ont beau expliquer, comme l’une d’elles, qu’elles voient cela tel un «défi», une forme de «dépouillement ultime» qui aura des conséquences bien au-delà de la pièce avec le «regard d’autrui», une démarche quasi sociologique. Il est évident qu’elle est bassement, ainsi que les autres, exploitée par un metteur en scène sans morale ni scrupule, qui ne mérite pas d’appartenir au Monde de la Culture. Et le journal d'appeler au boycott intégral.

Il va sans dire que je soutiens à fond la lutte de mes collègues.

Imaginer une semblable ignominie… Je ne sais pas vous, mais moi j’en ai… les cheveux qui se dressent sur la tête!