4/08/2008

L'humour et les fondamentalistes

Depuis quelques semaines s’affiche en Suisse romande (et peut-être dans l’ensemble de la Suisse…) une publicité en deux parties. Le procédé est classique. On mène une première campagne pour un produit qui demeure caché, histoire d’éveiller la curiosité. Ensuite, un peu plus tard, on révèle le produit.

Lors de la première campagne, on pouvait voir un personnage qui était manifestement une représentation du Diable. Avec des propos stéréotypés du genre (et en substance): «Je te donne la puissance illimitée, et tu me donnes ton âme», «Je te donne l’immortalité, et tu me donnes ton âme». A l’instar peut-être de tout un chacun, je me suis demandé à quel produit cette campagne faisait allusion. Pourquoi pas une propagande anti-4X4? Cela aurait pu coller…

Au final, il s’est avéré, lors de la seconde partie de la campagne, que l’annonceur était un opérateur téléphonique. Slogan: «Il y a bien assez de mauvais deals…» Sous-entendu: signez chez nous, si vous voulez vous libérer des mauvais contrats, qui plus est mensongers, de nos concurrents.

Une pub au ras des pâquerettes, pas de quoi défriser le monde de la consommation.

Et pourtant. Le journal où je travaille a mis en page cette publicité. Avec des conséquences inattendues. Un jour de boulot, j’ai reçu le mail outré d’un internaute. Se présentant comme chrétien et parlant au nom de tous les chrétiens de Suisse, il ne concevait pas, écrivait-il, que nous puissions ainsi faire de la pub au Diable. Il ne concevait pas, écrivait-il, que nous puissions accepter servir de relais à une clique satanique dont le but était de mettre en avant l’Ennemi. Il exigeait que le journal fasse marche arrière, qu’il renonce à ces publicités et qu’il se distancie clairement du clan du Mal. Et, en conclusion, il souhaitait que Dieu nous apporte Sa sagesse.

J’ai transmis la patate chaude à la section vente. Mais par-devers moi, je n’ai pas su trop quoi en faire. Rire de cette totale incapacité des fondamentalistes religieux – quelle que soit la religion… - à comprendre le sens de l’humour, à comprendre la notion de second degré? Ou en pleurer?

Un peu des deux, je suppose.