11/20/2007

Batman begins returns

Qui souhaite voir un film a tout intérêt à éviter le petit écran. Entre «Cold case», «NCIS», «Les Experts», «Heroe », «Weeds», j’en passe et sûrement des pires, plus de place pour un long-métrage. Ou alors à pas d’heure. Ok, il y a le cinéma, les DVD, les chaînes câblées… mais moi j’aimais bien cette bonne vieille TV en libre accès qui proposait des films plusieurs fois par semaine.

La plupart du temps, c’est plutôt rien que pléthore. Puis certains soirs, c’est pléthore. Aujourd’hui, entre «Will Hunting», «Lolita» et «Batman begins», j’ai choisi ce dernier. Pardon pour le Maître Kubrick, mais j’avais envie de me refaire les origines de l’homme chauve-souris.

«Batman begins», donc. Je me souvenais l’avoir beaucoup aimé lorsque j’étais allée le voir au ciné. Pourtant j’avais largement snobé les opus précédents, à placer très haut dans l’Olympe des daubes holywoodiennes. A mes yeux, il n’y avait que deux «Batman»: ceux réalisés par Tim Burton. Non contents de baigner dans l’univers fantasmagorique de celui que je considère également tel un Maître, ils étaient les seuls à colorer le personnage principal d’une ambiguïté torturée. Les seuls à posséder une profondeur fort éloignée d’un manichéisme typique, trop souvent l’apanage des grandes machines cinématographiques. Ce qui m’avait poussée à ne pas délaisser un nouvel épisode? Le nom du réalisateur, découvert au détour de je ne sais plus quel canard: Christopher Nolan. Celui-là même qui avait commis le magistral «Memento». Rien que pour ça, «Batman begins» valait le voyage.

Je n’ai pas été déçue. Le scénario, la réalisation, la photographie, les décors, la musique (Hans Zimmer, James Newton Howard, à écouter d'urgence), les acteurs… tout est à la hauteur de ce que j’avais imaginé de mon propre Batman. Coup de chapeau à Christian Bale, qui aurait pu se contenter de miser sur sa belle gueule -

/ je me permets une minute midinette: et dieu sait qu’elle est belle, sa gueule! Rââââh lovely! /

comme à son époque George Clooney – et qui au contraire se fond parfaitement dans la peau d’un futur héros confronté à ses peurs, tenté par la noirceur vengeresse. Qui les surmonte, mais seulement pour mieux se perdre dans l’uniforme qu’il arbore. Au point que l’homme s’oublie derrière le symbole qu’il incarne.

En découle une des répliques les plus subversives que je connaisse. Quand dans le final il se retrouve confronté à son ancien mentor devenu ennemi, dont il avait sauvé la vie. Celui-ci, qui l’avait déjà averti par deux fois de se méfier de la compassion, se moque, le provoque: Batman va-t-il de nouveau céder à sa faiblesse, à ce défaut humain dans sa cuirasse? Or ce n’est pas Bruce Wayne qui rétorque, c’est bel et bien la chauve-souris: «Je ne vais pas te tuer. Mais je ne suis pas non plus obligé de te sauver…» Plus machiavélique, je ne vois pas comment! Il fallait oser! Nolan a osé, et c’est sans doute dans cet échange inédit que son film trouve toute sa justification.

Je n’irai pas jusqu’à prétendre que je me suis réconciliée avec le petit écran. Disons que pour un soir j’ai enterré la hache de guerre…