10/24/2007

Trip des tripes

Le 21 octobre, 30% de mes compatriotes ont estimé que l’UDC était le parti le plus crédible de Suisse.

En matière de marketing, ils ne se sont pas trompés.

L’UDC «a tout compris», jugent Marc Comina et Louis Perron, conseillers en communication à Lausanne et à Zurich, interrogés par l’ATS.

«Dans un système politique comme le nôtre, où le but n’est pas de recueillir 51% des voix, le b-a.ba est de mobiliser un maximum d'électeurs et non une majorité», souligne d'emblée Marc Comina. Et actuellement «seule l'UDC a compris cette règle du jeu: elle fait tout pour obtenir le soutien de 30% des électeurs et se moque d'en avoir 70% contre elle».

L'UDC n'a pas peur de ne mobiliser que ses électeurs et de faire fuir les autres, renchérit Louis Perron. Ses responsables connaissent parfaitement leur groupe cible et comment l'atteindre. Le parti peut se contenter de slogans simplificateurs, selon M. Comina.

«On a assisté à la campagne la plus chère, la plus émotionnelle et la meilleure jamais menée en Suisse», affirme M. Perron.

Un constat déprimant si on en tire la leçon que les partis adversaires devraient s’aligner pour espérer faire le poids. Je ne parle pas de l’aspect financier – l’UDC a certes dépensé 15 millions de francs pour sa campagne, plus que tous les autres partis réunis. Mais ce ne saurait être un argument, dès lors que les Verts, de leur côté, ont réussi une belle percée avec un budget minime. Non, je parle de l’aspect émotionnel: les partis vont-ils devoir renoncer à leur attachement au contenu du programme pour privilégier la forme superficielle qui frappe les esprits ?

Il y a du travail en perspective. Il va falloir bosser la communication et le marketing. Sans abandonner pour autant le message de fond.

Ces quatre dernières années de législature l’ont prouvé: la population suisse vote massivement UDC en période électorale, mais fait preuve de plus de retenue - voire dans certains cas de pragmatisme - lors des votations.

Pas de quoi roupiller en paix. C’est juste un espoir basé sur des faits. Du boulot, oui, en perspective.

En marketing, en communication. Et en descente sur le terrain.

Rien à attendre du Parti socialiste, qui comme prévu se rejette entre ailes syndicaliste et "bobos" la patate chaude de la défaite – à l’instar d’autres socio-démocrates en Europe – ou tape stérilement sur la droite diabolisée dans son ensemble. A voir si les Radicaux persistent à céder aux sirènes de l’UDC ou s’ils se recentrent. A voir comment le PDC va gérer sa meilleure santé. Et ce que les Verts vont faire de leur entrée sur la place publique.

En politique comme culinairement, je n’ai jamais aimé les tripes. Mon tout petit choix civique continuera donc à défendre ceux qui sauront me proposer un plat à base de cervelle.