10/17/2007

Qui aime bien...

... châtie bien.

On parle de plus en plus de la violence conjugale, et c’est tant mieux. Même s’il reste beaucoup à faire pour briser le credo du «chacun mène sa vie comme il l’entend en privé». Le voile se lève peu à peu sur le tabou, mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Quid par exemple de la violence de certaines femmes envers leurs hommes? On n’en dit rien, ou quasiment. Voilà pourtant un sujet qui mériterait d’être creusé. Ou encore, et là sera mon propos: violence, certes, mais de quel type? Comment ça, «de quel type»? Lorsqu’on évoque la violence conjugale, on imagine généralement soit la violence physique, soit la violence sexuelle. Or il en existe deux autres genres, tout aussi dangereux:

La violence psychologique
La violence verbale

Allons allons, va-t-on me rétorquer, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Il faut faire preuve de mesure. Relativiser.

Sauf que non, il ne faut pas relativiser. Pas faire preuve de mesure. Parce que ces torchons et ces serviettes se mélangent fort bien.

Primo: ces quatre types de violence sont liés. Un agresseur pratiquant les violences physique/sexuelle pratique systématiquement aussi les violences psychologique/verbale. A préciser que tout agresseur pratiquant les violences psychologique/verbale ne finira pas forcément agresseur physique/sexuel.

Deuzio: les violences psychologique/verbale laissent autant de traces aux conséquences néfastes que les violences physique/sexuelle. Les bleus ne sont pas corporels, mais les bleus spirituels se révèlent également nocifs, d’autant plus peut-être qu’ils sont difficiles à faire comprendre. Ce que je veux dire par là? Dans notre société, on obtient sans suspicion un arrêt de travail parce que l’on s’est cassé une jambe. Il en va autrement si l’on souffre d’une dépression. D’une souffrance psychique. La souffrance psychique, c’est quoi? Est-ce qu’il/elle ne s’écoute pas trop? Si il/elle se foutait un coup de pied quelque part, si il/elle se regardait moins le nombril…

Les violences psychologique/verbale provoquent une souffrance psychique intense, qui ne doit pas être négligée.

Tentative de définition.

La violence psychologique (la plus méconnue):
• est liée à la violence verbale
• a pour effet de dénigrer le/la partenaire dans sa valeur en tant qu’individu
• → cruauté mentale, bouderie interminable, etc…

La violence verbale (la plus oubliée):
• emploi d’un langage grossier et injuriant
• usage de railleries (mauvaises plaisanteries), critiques ou propos humiliants, interdictions exagérées, insultes et/ou menaces.

A noter que l’évolution des phases pour les personnes concernées suit le même rythme que les stades violences physique/sexuelle, à savoir:

Lune de miel -→ escalade de la tension -→ épisode violent -→ rémission -→ réconciliation -→ lune de miel… Plus le temps passe, plus les lunes de miel sont courtes, plus les épisodes sont violents.

A noter aussi que la souffrance psychique n’est pas seulement celle de la «victime», elle est au même titre celle du «bourreau». Et que les rôles de «victime/bourreau» peuvent s’interchanger, au sein d’une relation unique, ou lors de relations successives.

Une chose est sûre: tant que l’on ne brise pas le cercle infernal, il se répète encore et encore, que ce soit avec un/une partenaire identique ou avec des partenaires différents. Aboutissant, dans certains cas extrêmes, au meurtre ou au suicide, voire les deux.

L’unique solution, tant pour le «bourreau» que pour la «victime», est de chercher à comprendre comment et pourquoi s’est développé un terreau si «fertile». Ensemble ou non. Mais certainement pas sans aide professionnelle: un cercle si vicieux ne saurait se démanteler tout seul. Sans une démarche concrète de changement.

La violence conjugale, on en parle et c’est bien. Mais on pourrait dire encore… bien des choses en somme.