10/16/2007

Samson et Dalila

Ma moitié d’origines italiennes m’a valu d’être élevée dans la tradition de la religion catholique. A partir de l’adolescence, j’ai plutôt eu le sentiment d’avoir été gavée. Aujourd’hui, dès lors que je n’ai conservé aucune croyance, je me dis que c’est un atout supplémentaire pour mieux appréhender la société judéo-chrétienne dans laquelle j’évolue.

La légende de Samson et Dalila rappellera des souvenirs à tous ceux qui ont eu à suivre – ou subir, c’est selon – des leçons de catéchisme. Pour les autres, je résume.

La Bible. Ancien Testament. Samson est un héros du peuple d’Israël. Un super héros. Rien ne lui résiste, il écrase tout sur son passage. Parce que, ha ha, il a un secret. Le secret de sa force, que personne ne connaît, qu’il n’a jamais révélé. Les princes philistins, ennemis jurés d’Israël, qui en ont marre de se prendre systématiquement la pâtée, imaginent un stratagème pernicieux afin de piéger le Rambo de son époque. Et quelle est la principale faiblesse de l’homme, sinon la femme ? Ils appellent leur canon-maison à la rescousse. La splendide Dalila. Lui promettent, si elle parvient à découvrir le secret de Samson, une récompense digne d’une reine.

Dalila accepte. Rien à voir avec une Lara Croft. Elle sait qu’elle n’a aucune chance si elle affronte Samson sur son terrain. Dans le genre Mata Hari, elle va lui tendre un piège. Se pavanant, se tortillant de ses avantageuses formes, roucoulant, elle fait en sorte qu’il tombe raide dingue. Et ça marche.

Passant à la vitesse supérieure, elle lui tient à peu près ce langage:

«Et bonjour, Monsieur le héros!
Que vous êtes joli! Que vous me semblez beau!»

Ajoutant que sans mentir, vu que son musclage se rapporte à l’adage, il est le phénix des hôtes, etc.

A ces mots, Samson ne se sent pas de joie.

Mais bon, quand même, faut pas pousser. Il refuse de révéler son secret. Une première fois. Une deuxième. Il tient ferme, le bougre, n’est pas héros de son peuple pour rien.

A la troisième tentative de la belle, il cède. Bon, quand même, faut pas pousser! Héros, héros, c’est vite dit, on n’en reste pas moins homme!

Le secret de sa force, avoue-t-il entre deux souffles échevelés... Le secret de sa force réside dans ses cheveux. Plus ils sont longs, plus il est puissant.

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L’immonde traîtresse, ayant pris son pied… heu, l’immonde traîtresse, dès que son amant s’est endormi du sommeil du juste, s’empresse de rapporter aux Philistins, et s’en revient par la suite, pourvue d’une paire de ciseaux, couper les cheveux de Samson.

Les histoires d’amour finissent mal, en général. Les Philistins se jettent sur son râble, l’enchaînent aux piliers de leur temple. Entre-temps, vu qu’il a choisi

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ses cheveux ont déjà repoussé. Il se suicide, à la gloire de son dieu, écrabouillant la majorité des ennemis et cette salope qui était si jalouse de ses boucles parfaites, elle qui se trimballait une tignasse raide et grasse percluse de pellicules. Parce qu’elle n’avait pas choisi

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Enfin, tout ça pour dire que cet après-midi je suis allée chez le coiffeur. C’est Enzo qui m’a débroussaillée. Et bizarrement, même si j’en suis repartie sans tresses ni autres, j’ai plutôt eu le sentiment que la force m’était revenue. Sans doute en toute renégate qui se respecte. Ou peut-être parce que L’Oréal.