10/24/2007

Star Ac' vs U2

Les spécialistes du pipole nous annoncent cette année une Star Academy plus jeune et plus rock n’ roll. Vu que cela fait aussi partie de mon job, je me suis penchée mardi soir sur le début de la 7e édition et la présentation des candidats – délaissant au passage un très ennuyeux Glasgow Rangers – Barcelone en Ligue des Champions de football.

Que dire? Sur le fond, pas grand-chose. Je ne suis pas du genre à dégueuler avec a priori sur ces émissions. Les mecs et nanas qui y participent ont raison, selon moi, d’essayer de réaliser leur rêve et d’utiliser à leur profit toutes les interfaces médiatiques. C’est de bonne guerre. Espérant juste qu’ils ont les pieds fermement ancrés au sol, que leur tête est solidement pragmatique et qu’ils sont suffisamment encadrés pour ne pas perdre les pédales si d’aventure leur gloire perdure ou doit stopper après les quinze minutes réglementaires. Les bébés requins ont les dents longues. Mais les requins seniors ont plus d’une dent dans leur sac.

Sur la forme. Rien à dire non plus. Candidats lambda, parfaits pour entrer dans le moule. Massacrant allégrement tant le répertoire français qu’outre-Atlantique. Dans l’ensemble, je me suis bien marrée. Jusqu’à ce que…

Lucie, 17 ans, rockeuse qui adore les têtes de mort, interprétant en duo avec je ne sais plus quelle autre candidate «Pride / In the Name of Love» de U2 . Là, j’ai dressé l’oreille. Curieuse. Puis très vite déçue. Puis très vite en colère.

Purée! Que l’on lamine n’importe qui! Mais pas les groupes mythiques qui font partie de mon historique! Aurais voulu lui gueuler: «Hé, la miquette, t’as rien pigé! C’est pas parce que tu hurles dans ton micro que t’es rock!» Comme c’était matériellement impossible, je me suis rabattue sur YouTube, me suis refais la version originale. Et d’autres vidéos encore du quatuor irlandais.

Non que je sois musicalement perfectionniste – la technique, c’est une chose, l’âme, c’en est une autre. U2 est loin d’être parfait. Hormis peut-être le guitariste, The Edge, dont le son spécifique atteint au sublime. Sinon, la basse et la batterie sont classiquement carrées et Bono chante plus souvent qu’à son tour à la limite de la fausseté. Mais ce groupe a une personnalité, réelle, tangible, tripale.

Une personnalité qui manquait cruellement à l’interprétation de Lucie et Cie mardi soir.

Ai-je dit que je n’avais aucune critique de fond à formuler contre la Star Ac’ et ses émissions jumelles? Une toute petite critique, peut-être. On a beaucoup parlé de mouton noir dernièrement en Suisse. Là, c’est tout le contraire. Les moutons sont incolores, inodores. En totale adéquation avec les moutons devant leur poste.