7/02/2007

De John Howe à HR Giger en Pan European / III

Deuxième étape: Gruyères.

Sa ville moyenâgeuse, ses traditions helvétiques, sa crème double, son fromage, sa fondue moitié-moitié. Sise au centre d’une verdure accentuée, le pic du Moléson en point de mire, des masses de touristes affluant tout le long de l’année.

Gruyères, son atypisme à l’image d’une Suisse méconnue. Il y a là le Château historique – mais le Château s’est dévolu au Fantastique, à la Fantasy pour citer son appellation anglaise - accueillant des expositions qui tranchent radicalement avec l’environnement physique.

Plus radicalement encore, au milieu des chalets, des concerts de cors des Alpes, il y a là le Musée Giger. En annexe, le bar. On s’attendrait à les découvrir dans une métropole multiculturelle, style Barcelone ou Berlin, ou autres. Et c’est tellement plus fort de les découvrir dans un lieu qui a priori n’a rien pour les recevoir.

Au centre du bourg médiéval, juste avant l’arrivée au Château, le Musée. Douze francs par personne, on laisse son casque de moto, ses bagages à l’entrée. Et… on… plonge…

Premier mot qui surgit à l’esprit: glauque.

Glauque, glauque, glauque. Affreusement glauque.

Ensuite: excellent.

Excellent, excellent, excellent. Parfaitement excellent.

Aucune personne saine d’esprit ne voudrait posséder telle œuvre. Je ne donnerais rien pour posséder une telle œuvre, l’exposer chez moi.

Mais j’admire la splendeur délétère, j’envisage une pièce y-spécialement réservée, une chambre coupée. Ma chambre haute. Je n’y vis plus, mais elle est toujours là.

Ma chance, c’est de pouvoir y retourner avec l’homme que j’aime.

Ma chance, c’est que mon homme et moi sachions la transfigurer. La sublimer.

Ma chance, c’est que mon homme et moi.

La chance, inestimable, du partage.

Quand on parvient à être «Nous» au-delà d’un Alien déstabilisateur.

Quand on parvient à être «Nous» en respectant «Soi».

En aimant «Moi» et «Toi» et «L’Autre» et «Nous deux ensemble».

***

Chacun y retrouvera les siens dans l’univers de HR Giger.