3/10/2008

Salon de l’Auto(goal)

Or donc, semblerait que nous sommes finalement en train de comprendre que le problème environnemental est un des défis majeurs de notre siècle. Quelque temps déjà que les médias ont chaussé leurs bottes de sept lieues pédagogiques et ont décidé de participer à la prise de conscience générale.

Puis, comme chaque année, arrive l’heure du Salon de l’Auto à Genève et là, pouf, il n’y a plus personne. Adieu esprit critique, retour au tout bagnole.

On me rétorquera peut-être que:

1° Une telle publicité est normale pour un événement de cette ampleur, vital pour les places financières genevoise, romande et helvétique.

La conclusion reste la même: chaque fois qu’il s’agit de changer quelque chose au système dans lequel nous vivons, il s’avère que l’argument économique écrase tout sur son passage.

2° J’exagère. Les constructeurs automobiles sont les premiers à s’engager dans la lutte contre la pollution. La preuve, on n’a jamais vu sur le marché autant de véhicules hybrides, qui fonctionnent en partie aux biocarburants, au gaz naturel, etc et dieu sait quoi encore.

Ma réponse mérite d’être un peu développée.

Tout d’abord, il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer qu’il s’agit avant tout d’un argument de vente. Les services marketing des grands constructeurs sont loin d’être stupides, ils sentent le vent tourner et adaptent leurs messages en conséquence. L’évolution des pubs est d’ailleurs frappante. Désormais, on ne met plus en avant la puissance du véhicule, on se concentre sur le fait qu’il est «plus écologique», «plus vert», «moins polluant».

Ces messages ont pour effet pervers de déresponsabiliser les consommateurs. Ils apaisent leur conscience et ne les incitent dès lors pas à changer leur mode de vie. Il va sans dire que les consommateurs sont pleine partie prenante de ce processus, puisqu’ils entendent ce qu’ils veulent bien entendre.

Ensuite, ces messages, non contents d’être dangereux, sont à la limite de la publicité mensongère. Plusieurs experts en énergétique ont tenté ces derniers jours de s’inscrire en faux – avec, il faut le préciser, une visibilité médiatique minuscule par rapport au tapage réservé au Salon.

Tous allaient dans le même sens: la voiture «zéro pollution» n’existe pas et n’existera jamais. Parce que, contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire, il n’y a pas que le carburant qui entre en jeu. Il y a aussi les zones de montage des véhicules (qui polluent), le recyclage des véhicules (qui pollue), le goudronnage du territoire pour construire de nouvelles routes/autoroutes (qui pollue).

La palme de l’hypocrisie revenant au 4X4 hybride. Comme le rappelait un de ces experts, si le but du véhicule est d’amener une personne à son travail, alors une petite voiture peut suffire. Et si cette personne souhaite vraiment faire un geste en faveur de l’écologie, elle se contentera de cette petite voiture. Le reste (là c’est moi qui le dit) n’est que splendeur et misères des courtisanes.

Tous d’aboutir à la même conclusion: la seule solution pour diminuer les atteintes à l’environnement est de changer son mode de vie. Si on estime que vraiment on ne peut pas se passer de voiture, du moins acheter une voiture en rapport avec ses besoins réels, proposer du covoiturage, plus utiliser les transports publics. Se souvenir qu’il existe aussi le vélo, la trottinette, la planche à roulette. Ou encore des deux merveilleux instruments dont la nature nous a dotés: les pieds. Et que c’est tout bénéf’ pour la santé.