5/20/2007

Tic-tac, tic-tac

Un jour de janvier. Il fait beau. Le soleil étincelle sur les hauts de Neuchâtel. J’entrevois, ici et là, sur le balcon. Dans l’ensemble, je ne vois rien. Presque rien. La chambre, malgré le store ouvert sur la perspective du printemps, malgré le luminaire censé la mettre en évidence – la chambre, ce n’est que du sombre. Ce ne sont que des ténèbres. Je ne vois que: la montre de mon père. Signe du temps à son poignet. Insupportable. Pas juste une montre, pas juste le signe du temps. Et je demande, s’il vous plaît, qu’on la lui retire. Et je demande, s’il vous plaît, par pitié. Je demande qu’on lui ôte cette montre à son poignet. Cette montre qui n’est plus seulement le passage du temps, mais le symbole d’un compte à rebours. Tic-tac, tic-tac… Seconde après seconde. Je sais que c’est fini pour lui. Que tantôt ce sera fini. Mais, par pitié, pas cette montre à son poignet, tictaquant indépendante de son pouls.

La montre s’en est allée. Tic-tac, tic-tac… Il n’y avait plus que son cœur perdu en métronome.

Tic-tac. La seule chose que j’ai voulue de son héritage, c’était la montre qu’il portait au poignet lorsque j’étais enfant. Elle s’est arrêtée il y a des années. Et, tic-tac, tic-tac, elle bat toujours en mon cœur.

2 Comments:

Blogger Megane said...

Ce tic-tac, c'est le monologue du temps qui court, qui coule et qui finit par nous couler avec lui. Au fond, les montres sont la seule vengence que l'on ait sur lui. Elles permettent de garder sur nous ou en nous le souvenir inoxidable de ceux qui ont sombré trop profond pour que l'on puisse par volonté les rejoindre.
Rien n'est plus fort que ces deux coeurs -l'un mécanique et l'autre organique- battant à l'unisson.

12:42 AM  
Blogger Myriam said...

"Le souvenir inoxydable de ceux qui ont sombré trop profond pour que l'on puisse par volonté les rejoindre." Je ne l'avais pas envisagé comme ça, Mégane, mais tu as raison. Ou quand le temps, la notion même de temporalité, s'incarne en lien. Un lien que l'unisson permet atemporel. Voire éternel. Du moins jusqu'à ce que le temps à notre tour nous rattrape. Et alors, quitte à l'Autre de récupérer la montre, de l'accorder avec son propre pouls...

9:14 PM  

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