4/29/2008

Le sadique d’Amstetten

Je ne vais pas revenir sur l’horreur des faits: tout le monde a eu l’occasion d’en apprendre jusqu’à plus soif ces derniers jours.

Ce qui m’interpelle, ce sont certains commentaires que j’ai pu lire ou entendre ici et là, allant tous dans le même sens: les crimes affreux ont tendance à augmenter, ce qui prouve combien notre société est décadente et combien notre monde va mal.

Loin de moi l’idée de vouloir minimiser ce qui s’est passé, mais il ne faut pas tout mélanger. Les faits divers sordides ont toujours existé. La différence aujourd’hui étant que, de par la globalisation de l’information, ils sont beaucoup plus visibles.

Sachant que l’insécurité est une notion essentiellement subjective, c’est plutôt la propension des médias à l’amplifier qui me pose question.

Là, oui, il y a quelque chose qui coince.

4/12/2008

Coup de coeur

Marre de la daube qui monopolise les antennes radio et TV? Envie de bonne musique? Alors ouvrez tout grand les oreilles. Et tout grand les yeux: l’album sera prochainement dans les bacs.

La Dixion / "Première pierre à l’édifice"

N’étant pas une spécialiste, pour le descriptif je préfère m’en référer au site orbeat.ch:

"Existant depuis près de dix ans, La Dixion s'est concentrée depuis plusieurs années sur la réalisation de son premier album, «Première pierre à l'édifice», qui va faire beaucoup de bruit dès sa sortie. On y retrouve en effet de nombreuses collaborations avec des artistes internationaux comme Rakaa (Dilated Peoples-USA), Defari (USA), J-Ro (Tha Liks-USA), Salif (F), Princess Aniès (F), Dabaaz (F), Charly B (F), etc.

L'album alterne les tendances allant du ragga au classic hip-hop en passant par des productions plus actuelles, toujours dans une idée de faire bouger les têtes. Au niveau des textes, les Mc's écrivent avec de nombreuses assonances, alitérations et autres jeux de mots, refusant les rimes faciles.

Les titres sont produits par Yvan (Double Pact-Sinik-Sniper, etc), Hadès, Ruff D, Kenzo, Veed et Dj Menas."

Pas besoin d’aller chercher outre-Atlantique, outre-Manche, outre nos frontières, ni même outre-Sarine: les membres de "La Dixion" sont des Romands, des gars "bien de chez nous", volée années 80. Ce seul aspect a déjà quelque chose de jouissif, tant on est malheureusement habitué à une Romandie névrosée, recroquevillée sur son complexe minoritaire.

S’il ne s’agissait que de ça, ce serait évidemment un peu court, rien de plus que l’expression d’un réflexe régionaliste. Or, et c’est l’excellente nouvelle, il ne s’agit pas que de ça. Le crew de "La Dixion" serait-il originaire de Pétaouchnok, on lui trouverait le même indéniable talent.

Dès la première écoute du maxi de promotion, la mayonnaise prend. Mélange idéal entre qualité technique, qualité (si l’on ose…) émotionnelle et intelligence globale, tant au niveau de la musique que des textes. On sent l’osmose des divers acteurs et c’est une osmose qui emporte, que les morceaux évoluent en mineur ou en majeur. Pour le résumer en quelques mots comme en mille: "La Dixion" sonne, et elle sonne, profondément, juste.

Le teaser qui accompagne le maxi conforte cette première impression. Prometteur, très prometteur! On se réjouit de l’album à suivre.

Sachant qu’être artiste en Suisse est tout sauf une sinécure, on souhaite à "La Dixion" le succès qu’elle mérite objectivement (oui!).

Veine haineuse



Le teaser de « Première pierre à l’édifice »

4/08/2008

L'humour et les fondamentalistes

Depuis quelques semaines s’affiche en Suisse romande (et peut-être dans l’ensemble de la Suisse…) une publicité en deux parties. Le procédé est classique. On mène une première campagne pour un produit qui demeure caché, histoire d’éveiller la curiosité. Ensuite, un peu plus tard, on révèle le produit.

Lors de la première campagne, on pouvait voir un personnage qui était manifestement une représentation du Diable. Avec des propos stéréotypés du genre (et en substance): «Je te donne la puissance illimitée, et tu me donnes ton âme», «Je te donne l’immortalité, et tu me donnes ton âme». A l’instar peut-être de tout un chacun, je me suis demandé à quel produit cette campagne faisait allusion. Pourquoi pas une propagande anti-4X4? Cela aurait pu coller…

Au final, il s’est avéré, lors de la seconde partie de la campagne, que l’annonceur était un opérateur téléphonique. Slogan: «Il y a bien assez de mauvais deals…» Sous-entendu: signez chez nous, si vous voulez vous libérer des mauvais contrats, qui plus est mensongers, de nos concurrents.

Une pub au ras des pâquerettes, pas de quoi défriser le monde de la consommation.

Et pourtant. Le journal où je travaille a mis en page cette publicité. Avec des conséquences inattendues. Un jour de boulot, j’ai reçu le mail outré d’un internaute. Se présentant comme chrétien et parlant au nom de tous les chrétiens de Suisse, il ne concevait pas, écrivait-il, que nous puissions ainsi faire de la pub au Diable. Il ne concevait pas, écrivait-il, que nous puissions accepter servir de relais à une clique satanique dont le but était de mettre en avant l’Ennemi. Il exigeait que le journal fasse marche arrière, qu’il renonce à ces publicités et qu’il se distancie clairement du clan du Mal. Et, en conclusion, il souhaitait que Dieu nous apporte Sa sagesse.

J’ai transmis la patate chaude à la section vente. Mais par-devers moi, je n’ai pas su trop quoi en faire. Rire de cette totale incapacité des fondamentalistes religieux – quelle que soit la religion… - à comprendre le sens de l’humour, à comprendre la notion de second degré? Ou en pleurer?

Un peu des deux, je suppose.