3/30/2008

Commentateurs sportifs

Jean-Jacques Tillman, Boris Aquadro, Bertrand Dubout, Bernard Jonzier. Entre les deux premiers qui ne sont plus d’actualité et les deux suivants qui poursuivent logiquement jusqu’à l’âge de leur retraite, est-ce que je fais preuve de nostalgie déplacée?

Sincèrement, je n’ai pas envie d’y réfléchir. Tillman et Aquadro me manquent, c’est un fait. Quant à Dubout et Jonzier, je ne me pose pas la question. Pas encore. Ils sont là, et c’est tout ce qui m’importe.

La question, je me la poserai lorsqu’ils disparaîtront à leur tour.

En attendant, je profite de leur présence. Et je les en remercie. Comme je remercie leurs anciens.

Quand Thierry bis s'en va

Lorsque je suis en vacances, comme c’était le cas ces derniers jours, j’ai pour habitude de décrocher totalement des médias. Un blackout complet en forme de bol d’air. De toute manière, l’info, c’est un peu comme «Top Models»: même si on rate dix épisodes, on a vite fait de raccrocher les wagons…

Ainsi c’est avec quasi une bonne semaine de retard, en écoutant ce dimanche «France 2 foot» d’une oreille, que j’ai appris la mort du commentateur français Thierry Gilardi, décédé mardi d’une crise cardiaque à l’âge de 49 ans.

Etant de par mes origines focalisée sur le calcio de la Botte, au niveau du championnat et de l’équipe nationale, je ne porte au football français qu’un maigre intérêt dans les marges. Sauf, cela va sans dire, quand les Bleus rencontrent la Squadra Azzurra, ce qui va redevenir tantôt de très chaude actualité.

Dès lors, Thierry Gilardi, je n’ai que rarement eu l’occasion de l’entendre (en live pendant un match ou dans «Telefoot», TF1). Il m’est arrivé de le trouver affreusement chauviniste – mais qui ne l’est pas dans ces cas-là? C’est de bonne guerre… - sinon dans l’ensemble je l’ai apprécié. Contrairement à son homonyme prédécesseur – j’ai nommé Thierry Roland – qui savait se rendre parfaitement désagréable, notamment par une tendance au racisme qui avec les années n’a même plus pris la peine de se dissimuler.

Ce qui me plaisait, chez Gilardi, c’est qu’il respirait la passion. La passion du football (du sport en général) et la passion de vie. Deux caractéristiques doublées de professionnalisme qui faisaient de lui un excellent commentateur sportif. En passant, certains de nos manches de la TSR, qu’ils soient soporifiques ou purement à côté de la plaque ou les deux – principalement dans le domaine footballistique – feraient bien de s’inspirer d’un tel exemple.

Citant le commentaire d’un internaute: «Dieu a arrêté le match beaucoup trop tôt. Décidément, celui-là, il sera toujours un mauvais arbitre!»

3/28/2008

Invisible sun / Police / lyrics

I dont want to spend the rest of my life
Looking at the barrel of an armalite
I dont want to spend the rest of my days
Keeping out of trouble like the soldiers say
I dont want to spend my time in hell
Looking at the walls of a prison cell
I dont ever want to play the part
Of a statistic on a government chart

There has to be an invisible sun
It gives its heat to everyone
There has to be an invisible sun
That gives us hope when the whole days done

Its dark all day and it glows all night
Factory smoke and acetylene light
I face the day with me head caved in
Looking like something that the cat brought in

There has to be an invisible sun
It gives its heat to everyone
There has to be an invisible sun
That gives us hope when the whole days done

And theyre only going to change this place
By killing everybody in the human race
They would kill me for a cigarette
But I dont even wanna die just yet

There has to be an invisible sun
It gives its heat to everyone
There has to be an invisible sun
That gives us hope when the whole days done

One, two, three, four, five, six...

Un job de merde

Avez-vous déjà eu l’occasion de tester les troquets qui offrent la possibilité de jouer aux courses et à la loterie en direct? Généralement j’évite, tant ces bistrots sont glauques. Puis voilà, aujourd’hui, lors de mes courses en centre-ville et par un détour inattendu, je m’y suis retrouvée.

Constatation: c’est effectivement pire que glauque.

La clientèle – largement alcoolisée aux primes heures de la matinée, qui devant ses deux décis de rosé, qui devant son pastis, qui devant sa binche – est ce qu’elle est. Le point commun de ces visages ravagés, les plus jeunes semblant aussi vieux que les plus vieux, me rend triste, mais là n’est pas mon propos.

Ce qui me touche, me fracasse littéralement de l’intérieur, c’est la serveuse qui me sert mon expresso au bar. A vue de nez, elle doit avoir à peine plus de 20 ans. Son ventre pleinement arrondi ne laisse aucune hésitation: elle est enceinte, sûrement pas loin du terme. Et tandis qu’elle s’active ça et là telle une automate, éteinte, vide, dans un nuage de fumée à couper au couteau, rien n’indique qu’elle soit vivante.

Quelle colère j’ai éprouvée! Contre notre société, notre système, où l’on chante si haut la gloire du travail. Pour certains parce qu’ils ont grandi dans le lavage de cerveau où l’on ne saurait se définir que par son emploi. Et ce sont souvent les mêmes qui sont obligés de travailler parce qu’ils n’ont pas d’autre choix pour joindre les deux bouts à la fin du mois – quand ils y parviennent. Pour d’autres, les privilégiés – dont je fais partie – parce qu’ils estiment que le boulot, ce n’est pas désagréable, tant ils n’ont pas la moindre idée de ce que peut signifier d’assumer un job de merde pour un salaire de misère quand on ne peut faire différemment.

Dieu sait que je ne me reconnais pas d’extrême-gauche. Mais ce matin, tandis que mon expresso me restait en travers de la gorge, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne chose d’envoyer nos universitaires, ces futures élites qui vont forger la marche de notre pays, aux boulots merdiques et sous-payés, comme à l’époque et ailleurs on les envoyait aux champs. Afin que, lorsqu’ils seront amenés à prendre des décisions en la matière, ils sachent de quoi ils parlent.

Ma première réaction de bourgeoise a été de laisser un pourboire largement supérieur à celui que je laisse d’habitude – par une espèce d’empathie, ayant moi-même été serveuse à un moment de mon existence. Puis je me suis dit que non, dès lors que le but serait de me donner bonne conscience. J’ai laissé un pourboire. Mais mon action se jouera dans mes choix politiques, vers celles et ceux qui tiennent compte de celles et ceux qui occupent des jobs de merde pour des salaires de merde.

3/27/2008

Organes

Au CHUV de Lausanne, à l’Insel de Berne, dans les hôpitaux majeurs de Suisse, il y a des personnes malades qui attendent des dons d’organes. Comment gère-t-on l’idée de sa survie aux dépens d’autrui? J’imagine que l’espérance de vie prend le dessus. Pour autant que l’on sache que ces organes que l’on reçoit, c’est en plein accord avec l’accord de l’autre, histoire de ne pas s’anéantir de culpabilité. D’où la nécessité de remplir ces cartes à notre disposition.

On les trouve dans les transports publics, à l’image d’une campagne publicitaire. En pharmacie. Sur internet.

J’ai rempli la mienne, cas échéant. Prête en cas de décès à offrir tous mes organes à ceux qui en auraient besoin. J’ai averti mes proches, pour qu’ils respectent mon choix.

Rien de morbide là, contrairement à ce que l’on pourrait m’opposer. Je ne désire pas mourir tantôt. Mais si cela doit m’arriver, autant que quelqu’un d’autre en profite.

Saviez-vous?

Saviez-vous que 30.000 fans (80% de filles, 20% de garçons, selon les statistiques) qui hurlent ensemble à un concert de Tokio Hotel atteignent 130 décibels ? Que 130 dB équivalent à la nuisance d’un puissant marteau-piqueur ? Que là se situe le seuil de la douleur acoustique ? Qu’au-dessus il n’y a que la violence d’un avion à réaction au décollage, 140 décibels ?

De l’intensité de la passion humaine.

Etonnant, non ?

3/20/2008

Elle est morte, passe à autre chose...

Voilà l’unique commentaire qu’aura inspiré le décès de Chantal Sébire. Qui va assez dans le sens d’une société hypermédiatisée où une information chasse l’autre, où le monde semble se défaire un jour pour se reformer à neuf le lendemain, sans la moindre notion de continuité.

Certains en France claironnent que cette mort va permettre de relancer le débat sur l’euthanasie. Naïve illusion. On en parlera tant que les médias en parleront. Un peu plus longtemps peut-être s’il y a une autopsie. Puis, petit à petit, le sujet s’éteindra. Glissera de Une en cahier intérieur en der en entrefilet pour finalement sombrer dans le silence. Jusqu’au cas suivant.

Peu importe, n’est-ce pas, qu’elle se soit suicidée, qu’on l’ait aidée à se suicider, qu’elle soit morte des suites naturelles de sa maladie. Peu importe qu’elle n’ait pas obtenu le droit légitime à mourir dignement.

Chantal Sébire est morte. Dormons sur nos deux oreilles. Et passons à autre chose.

3/14/2008

Le témoignage de Chantal Sébire / et de ses proches

ADMD

Chantal Sébire, une Française âgée de 52 ans, souffre d'une «esthesioneuroblastome», une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale. Cette maladie très rare- 200 cas recensés dans le monde en 20 ans - est incurable et provoque une déformation irréversible du visage et des souffrances atroces.

Elle a demandé aux autorités françaises, par avocat interposé, le "droit à mourir dignement". Demandé le droit à l'euthanasie librement choisie.

Réponses louvoyantes. Nicolas Sarkozy a déclaré être "très touché" par ce vécu et cette requête. Avant d'ajouter que la loi actuelle était "bonne" et de proposer - pour soulager sa conscience ? - que le "cas" de Mme Sébire soit réexaminé par un collège médical, des pontes du plus haut niveau. Rachida Dati, pour sa part, n'a pas fait dans le détail. Selon ses propos, il n'appartient pas à la médecine d'administrer des doses létales.

La problématique de l'euthanasie ne se règle pas en deux coups de cuillère à pot, c'est certain.

En attendant, au milieu de ces prises de tête politico-éthiques, qu'advient-il de Chantal Sébire?

Elle demande un juste droit à mourir dignement.

On la renvoie, lâchement, à l'impasse du suicide.

ADMD.

Association pour le droit à mourir dignement.

J'y crois, à ce droit.

Que ce soit pour moi, cas échéant. Ou pour tous les autres.

Chantal Sébire la première.

3/10/2008

Public Enemy vs Benny Benassi

Pour tous ceux qui se rappellent l'Ennemi Public N°1 et qui s'électrisent avec leur temps.

Select!

Salon de l’Auto(goal)

Or donc, semblerait que nous sommes finalement en train de comprendre que le problème environnemental est un des défis majeurs de notre siècle. Quelque temps déjà que les médias ont chaussé leurs bottes de sept lieues pédagogiques et ont décidé de participer à la prise de conscience générale.

Puis, comme chaque année, arrive l’heure du Salon de l’Auto à Genève et là, pouf, il n’y a plus personne. Adieu esprit critique, retour au tout bagnole.

On me rétorquera peut-être que:

1° Une telle publicité est normale pour un événement de cette ampleur, vital pour les places financières genevoise, romande et helvétique.

La conclusion reste la même: chaque fois qu’il s’agit de changer quelque chose au système dans lequel nous vivons, il s’avère que l’argument économique écrase tout sur son passage.

2° J’exagère. Les constructeurs automobiles sont les premiers à s’engager dans la lutte contre la pollution. La preuve, on n’a jamais vu sur le marché autant de véhicules hybrides, qui fonctionnent en partie aux biocarburants, au gaz naturel, etc et dieu sait quoi encore.

Ma réponse mérite d’être un peu développée.

Tout d’abord, il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer qu’il s’agit avant tout d’un argument de vente. Les services marketing des grands constructeurs sont loin d’être stupides, ils sentent le vent tourner et adaptent leurs messages en conséquence. L’évolution des pubs est d’ailleurs frappante. Désormais, on ne met plus en avant la puissance du véhicule, on se concentre sur le fait qu’il est «plus écologique», «plus vert», «moins polluant».

Ces messages ont pour effet pervers de déresponsabiliser les consommateurs. Ils apaisent leur conscience et ne les incitent dès lors pas à changer leur mode de vie. Il va sans dire que les consommateurs sont pleine partie prenante de ce processus, puisqu’ils entendent ce qu’ils veulent bien entendre.

Ensuite, ces messages, non contents d’être dangereux, sont à la limite de la publicité mensongère. Plusieurs experts en énergétique ont tenté ces derniers jours de s’inscrire en faux – avec, il faut le préciser, une visibilité médiatique minuscule par rapport au tapage réservé au Salon.

Tous allaient dans le même sens: la voiture «zéro pollution» n’existe pas et n’existera jamais. Parce que, contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire, il n’y a pas que le carburant qui entre en jeu. Il y a aussi les zones de montage des véhicules (qui polluent), le recyclage des véhicules (qui pollue), le goudronnage du territoire pour construire de nouvelles routes/autoroutes (qui pollue).

La palme de l’hypocrisie revenant au 4X4 hybride. Comme le rappelait un de ces experts, si le but du véhicule est d’amener une personne à son travail, alors une petite voiture peut suffire. Et si cette personne souhaite vraiment faire un geste en faveur de l’écologie, elle se contentera de cette petite voiture. Le reste (là c’est moi qui le dit) n’est que splendeur et misères des courtisanes.

Tous d’aboutir à la même conclusion: la seule solution pour diminuer les atteintes à l’environnement est de changer son mode de vie. Si on estime que vraiment on ne peut pas se passer de voiture, du moins acheter une voiture en rapport avec ses besoins réels, proposer du covoiturage, plus utiliser les transports publics. Se souvenir qu’il existe aussi le vélo, la trottinette, la planche à roulette. Ou encore des deux merveilleux instruments dont la nature nous a dotés: les pieds. Et que c’est tout bénéf’ pour la santé.

3/09/2008

Cervelas

En Suisse, on fête à l’image de la mythique saucisse nationale. Cadré au millimètre, tant au niveau du contenu que du contenant.

Dernier exemple en date, le dénommé Eurofoot 2008.

Pour s’éclater, il faudra se contenter des UBS Arena. Hors des lieux adoubés par l’UEFA, la Confédération et les autorités cantonales, pas de salut.

Deux exemples romands.

A Neuchâtel, interdiction sera faite de circuler en voiture après les matchs sur l’Avenue du 1er Mars. Parce que, dixit la police, il serait trop dangereux de laisser passer les véhicules motorisés au milieu de la foule à pied. Et parce que, dixit la même source, il faudra respecter le repos de l’équipe du Portugal, logeant dans un hôtel à proximité.

Plus absurde encore. A Yverdon-les-Bains, les cortèges de voitures klaxonnantes seront autorisés… pour autant qu’ils ne dépassent pas les 40 véhicules.

Citant les paroles d’autres polices cantonales un peu plus lucides: «Nous leur souhaitons bonne chance! Surtout quand on sait que le moindre mariage dépasse largement les 40 véhicules…»

Sur le fond, le message est plutôt lamentable. Pitoyable.

Hélas à l’instar d’une Helvétie où on n’a pas envie de se reconnaître.

Soit on décide de faire la fête et on se lâche. Soit on garde son parapluie dans le luc et on ne se lance pas dans la réalisation d’un événement aussi majeur.

Imaginer de telles directives en Italie, au Portugal, en Espagne… pour rester en Europe… Ha ha, autant en rire!

Nous sommes en train, au grand dam des passionnés de ce pays, de mettre sur pied l’Eurofoot des nains de jardin.